Une crise sanitaire d’une ampleur inédite secoue la zone de santé de Mangala, dans le territoire de Djugu en Ituri. Près de 300 personnes atteintes de tuberculose ou vivant avec le VIH/Sida se retrouvent brutalement privées de traitement salvateur. Comment une telle rupture des stocks médicamenteux a-t-elle pu survenir dans cette région déjà vulnérable ? La réponse se niche au cœur des opérations militaires en cours.
Les affrontements entre les FARDC et le groupe armé Zaïre, allié à la Convention pour la révolution populaire, sur l’axe stratégique Nizi-Mabanga, ont coupé net l’approvisionnement en médicaments essentiels. Le Dr Jacques Savo, médecin chef de zone, lance un cri d’alarme glaçant : “Plus de 80 000 habitants sont directement impactés par cette pénurie qui touche même les traitements antipaludiques de base”. Une situation qui transforme la crise sanitaire ituri en bombe à retardement épidémiologique.
L’hôpital général de référence et les six aires de santé locales ressemblent désormais à des coquilles vides. Sans médicaments contre la tuberculose, les risques de résistance aux antibiotiques explosent, rendant la maladie encore plus mortelle. Pour les patients sous antirétroviraux, l’interruption brutale du traitement pourrait entraîner une résurgence virale dramatique. Cette rupture médicaments tuberculose rdc force un choix impossible : attendre une aide hypothétique ou se tourner vers des remèdes traditionnels aux conséquences imprévisibles.
Les cliniques privées, pourtant dernier rempart, sont elles aussi à court de ressources. “Même nos réserves d’urgence sont épuisées”, confie sous anonymat un gestionnaire de centre médical. La vih/sida mangala devient ainsi une double peine pour des populations piégées entre balles et bacilles. Chaque jour sans traitement aggrave le pronostic des malades tout en augmentant les risques de transmission communautaire.
Face à cette urgence vitale, les autorités sanitaires exigent la création immédiate d’un couloir humanitaire rdc. “Il faut une trêve médicale permettant l’acheminement des cargaisons de médicaments bloquées à Bunia”, insiste un responsable provincial joint par notre rédaction. Pourtant, malgré l’ampleur du désastre, aucune réaction officielle n’est venue de l’état-major des FARDC. Ces opérations militaires ituri santé créent-elles un angle mort humanitaire inacceptable ?
La tuberculose, rappelons-le, tue encore près de 50 personnes par jour en RDC selon l’OMS. Quant au VIH, sa prise en charge exige une régularité absolue des traitements. La suspension actuelle des soins pourrait annuler des années de progrès sanitaires dans la région. Combien de décès évitables faudra-t-il déplorer avant que ce corridor vital ne s’ouvre ? La communauté internationale suivra-t-elle cette crise des médicaments qui frappe l’Ituri dans l’indifférence générale ?
En attendant, les patients de Mangala vivent un compte à rebours angoissant. Sans solution rapide, cette crise locale pourrait dégénérer en urgence régionale, avec des conséquences sanitaires imprévisibles. La balle est désormais dans le camp des décideurs militaires et politiques. L’accès aux soins n’est pas une option négociable, mais un droit fondamental que la guerre ne saurait suspendre.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net