Un appel pressant à l’encadrement légal des acteurs du numérique a retenti à Kinshasa ce mardi 12 août 2025, lors d’un atelier de réflexion conjointement organisé par le bureau de l’Unesco en République démocratique du Congo et le Conseil supérieur de l’audiovisuel congolais. Les institutions ont insisté sur l’urgence d’établir un cadre réglementaire robuste pour les plateformes numériques, soulignant que leur prolifération incontrôlée transforme fondamentalement l’accès à l’information et la participation citoyenne. Comment concilier innovation numérique et respect des droits fondamentaux dans un espace virtuel congolais en pleine expansion ?
Issaya Bareto, représentant de l’Unesco en RDC, a martelé devant les participants la nécessité de mécanismes équilibrés : « Face à ces défis, il est crucial d’établir des mécanismes de régulation qui garantissent un équilibre entre la protection des libertés et la préservation d’un espace numérique sécurisé et éthique ». Cette régulation des plateformes numériques en RDC doit, selon lui, permettre aux citoyens d’exercer pleinement leurs droits tout en favorisant l’égalité des genres et en renforçant la confiance dans la gouvernance démocratique. La liberté d’expression numérique au Congo apparaît ainsi comme un pilier incontournable du développement durable.
Christian Bosembe, président du CSAC, a réaffirmé le rôle central de son institution dans ce chantier législatif : « En tant que régulateur des médias congolais, notre mission consiste à maintenir un environnement favorable à la liberté d’expression et à l’accès à l’information, tout en garantissant un cyberespace ouvert et sécurisé ». Cet atelier Unesco-CSAC s’inscrit dans une dynamique plus large de modernisation du cadre juridique numérique congolais, particulièrement axée sur la protection des données personnelles en RDC. Olga Kavira, représentante du secrétaire général au numérique, a rappelé l’enjeu historique : « La liberté d’expression constitue un pilier essentiel de la dignité humaine ».
Les discussions ont mis en lumière plusieurs défis spécifiques au contexte congolais, notamment la lutte contre la désinformation, la sécurisation des données sensibles et la préservation de la vie privée face à la collecte massive d’informations par les géants technologiques. Les participants ont examiné des modèles de régulation internationale pour en extraire des adaptations viables aux réalités socio-politiques de la RDC. L’élaboration d’un projet de loi spécifique, intégrant à la fois des garde-fous contre les abus et des incitations à l’innovation responsable, a été identifiée comme priorité nationale.
La prochaine étape consistera en la formalisation de recommandations précises à l’intention du gouvernement et du parlement, avec un calendrier de mise en œuvre prévoyant des consultations publiques d’ici le dernier trimestre 2025. Cet atelier marque un tournant décisif dans la gouvernance numérique congolaise, posant les jalons d’un internet à la fois libre et régulé où les droits fondamentaux ne seraient plus la variable d’ajustement du progrès technologique.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net