Le gouvernement Suminwa vient de révéler son visage après un remaniement gouvernemental aussi soudain qu’ambitieux. Sous la houlette de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, cette refonte opérée dans la nuit du 7 au 8 juin dessine une équipe où la jeunesse côtoie l’expertise technique, un mélange audacieux dans le paysage de la politique congolaise. Mais ce pari saura-t-il répondre aux attentes colossales d’une population en quête de résultats tangibles ?
Parmi les nouveaux ministres RDC, la nomination de Grace Emie Kutino au portefeuille de la Jeunesse cristallise les débats. Âgée de seulement 24 ans, cette pasteure et militante incarne la volonté affichée d’ancrer l’exécutif dans la nouvelle génération. Si certains y voient un symbole fort, d’autres s’interrogent sur l’écart entre son expérience de conférencière et les réalités complexes de la gestion publique. Une nomination qui, telle une pierre jetée dans la mare kinoise, provoque des remous bien au-delà des cercles politiques.
À l’opposé de ce profil juvénile, des technocrates aguerris viennent étoffer l’échiquier ministériel. Marie Niange Ndambo, spécialiste de renom en gestion durable des ressources, prend les rênes de l’Environnement après un parcours académique nourri à l’Université Laval. Le ministère de la Justice échoit à Guillaume Ngefa, dont la réputation en matière de droits humains dépasse largement les frontières nationales. Son arrivée constitue un signal fort vers la communauté internationale, mais saura-t-il infléchir la machine judiciaire congolaise ?
Le casting dévoile également des profils hybrides reflétant la diversité des compétences. Julie Mbuyi Shiku, formée en gestion des risques financiers à Louvain, hérite du Portefeuille tandis que Micheline Ombahe, issue de l’administration provinciale du Haut-Uélé, apporte son engagement pour les vulnérables au Genre et Famille. L’entrée de Floribert Anzuluni à l’Intégration régionale marque une ouverture vers la société civile, l’ancien coordonnateur de Filimbi incarnant cette porosité nouvelle entre militantisme et gouvernance.
En contrepoint stratégique, Judith Suminwa Tuluka intègre aussi des poids lourds politiques comme Adolphe Muzito, ancien chef du gouvernement, et Éliezer Tambwe, ex-journaliste devenu député. Ces figures aguerries devront-elles servir de contrepoids à la fougue des nouveaux venus ? L’équilibre semble précaire entre l’impétuosité réformatrice et la prudence managériale.
Ce remaniement gouvernemental apparaît ainsi comme une synthèse subtile entre rupture et continuité. La Première ministre tente manifestement de concilier la demande de renouveau incarnée par la jeunesse congolaise et la nécessité d’expertises pointues dans des secteurs clés. Reste que cette alchimie complexe devra rapidement faire ses preuves face à des défis socio-économiques pressants. La crédibilité du gouvernement Suminwa se jouera sur sa capacité à transformer cette diversité de profils en action cohérente. Un exercice d’équilibriste qui, s’il échoue, pourrait bien fragiliser durablement la majorité présidentielle.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net