Les cris déchirants ont résonné dans l’obscurité du quartier Kyeshero aux alentours de 2h00 du matin. Sous les yeux impuissants des voisins, les flammes ont englouti en quelques minutes la modeste habitation abritant une mère et ses deux enfants, piégés dans l’étau de feu. Ce drame survenu dans la nuit de lundi à mardi près de l’abattoir de Goma a coûté la vie à cinq personnes, dont deux jeunes garçons, transformant ce foyer en cercueil de tôle calcinée.
“J’ai entendu des appels à l’aide déchirants, puis plus rien… juste le crépitement du feu qui dévorait tout”, raconte un voisin encore sous le choc, les mains tremblantes. Deux maisons ont été réduites en cendres lors de cet incendie à Kyeshero, laissant deux autres personnes grièvement brûlées. Une course contre la montre s’est engagée où chaque minute perdue scellait un destin funeste.
Si les premières investigations évoquent un court-circuit électrique comme origine du sinistre, des témoins soulèvent de troublantes interrogations. “Depuis quand un court-circuit provoque-t-il un embrasement si violent ?”, interroge une commerçante dont l’échoppe a frôlé la catastrophe. Certains pointent plutôt une négligence domestique, révélant ainsi les failles béantes dans la sécurité des habitations précaires.
Malgré l’alerte donnée rapidement, les secours ont accusé un retard dramatique dans leur intervention. Ce sont finalement les riverains qui, armés de seaux et de couvertures humides, ont empêché la propagation du brasier aux habitations voisines. Un élan de solidarité qui contraste amèrement avec la lenteur des services d’urgence.
Ce sinistre s’inscrit dans une série noire alarmante : en seulement 72 heures, Goma a déploré huit morts dans divers incendies. La semaine précédente, trois enfants avaient péri dans des circonstances similaires au même quartier Kyeshero, tandis qu’au quartier Mapendo, une vingtaine de boutiques partaient en fumée. Heureusement, l’intervention rapide de la MONUSCO avait alors limité l’hécatombe.
Sur les décombres encore fumants, le maire de Goma, Katembo Ndalieni Julien – nommé par le mouvement M23 – a appelé à “éviter les branchements frauduleux sur le réseau de la SNEL”. Un discours qui sonne creux pour les habitants exaspérés. “Comment parler de raccordements illicites quand le courant est coupé 20 heures par jour ?”, s’insurge un jeune du quartier.
Un rapport accablant des conseils communaux de jeunesse révélait déjà en juillet que 27 maisons étaient parties en fumée dans la ville. La répétition de ces drames pose une question brûlante : jusqu’à quand Goma devra-t-elle compter ses morts dans l’indifférence des autorités ? Alors que les familles endeuillées enterrent leurs proches, l’urgence d’un plan concret pour la sécurité électrique et la prévention des incendies crie plus fort que les sirènes des pompiers absents.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd