Une procédure judiciaire a été initiée par le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, contre Joyce Tunda Kazadi, maire adjointe de Lubumbashi, pour des faits présumés de faux en écriture. Cette action légale, révélée par une correspondance adressée au Conseil d’État et parvenue à la rédaction, plonge davantage l’hôtel de ville de la capitale du Katanga dans une crise institutionnelle sans précédent.
Le ministre reproche spécifiquement à l’édile d’avoir utilisé un document administratif portant la référence 4107, présenté comme un recours préalable déposé le 10 mars 2025 auprès de son ministère. Or, selon les vérifications diligemment menées par les services compétents, cette référence correspondrait en réalité à un simple accusé de réception émanant du Secrétariat général du Gouvernement. Une telle divergence soulève des interrogations fondamentales sur l’authenticité de la pièce produite.
Cette affaire judiciaire intervient dans un contexte de tensions exacerbées autour de la direction de la mairie de Lubumbashi, où Joyce Tunda et le maire intérimaire Patrick Kafwimbi se disputent avec âpreté le fauteuil majoral. La procédure engagée par Jacquemain Shabani contre la maire adjointe fait suite à une décision du Conseil d’État ayant suspendu l’arrêté ministériel nommant Patrick Kafwimbi. La haute juridiction administrative avait en effet donné raison à Joyce Tunda en la rétablissant dans ses fonctions, considérant sa mise à l’écart comme irrégulière.
Comment comprendre cette escalade judiciaire alors que le Conseil d’État venait de trancher en faveur de l’élue locale ? La réponse semble résider dans les implications politiques de cette affaire qui dépasse le simple cadre administratif. La convocation par télégramme officiel de Joyce Tunda à Kinshasa dans un délai contraignant de quarante-huit heures, datée du 4 août courant, alimente les spéculations sur une possible volonté de dessaisissement. Cette injonction subite interroge quant à ses motivations réelles et son timing pour le moins troublant.
Les observateurs politiques s’interrogent sur les ramifications de cette crise institutionnelle locale. La procédure pour faux en écriture engagée contre Joyce Tunda pourrait-elle remettre en cause la décision du Conseil d’État ? Quelles conséquences sur la gouvernance municipale dans la deuxième ville du pays ? Autant de questions qui demeurent en suspens alors que les acteurs principaux campent sur leurs positions.
Les prochaines étapes judiciaires s’annoncent déterminantes pour l’issue de cette affaire. Le Conseil d’État devra examiner le bien-fondé des accusations portées par le ministre de l’Intérieur, tandis que la convocation à Kinshasa pourrait préfigurer de nouvelles décisions administratives. Cette imbrication entre procédure judiciaire et crise politique locale illustre la complexité des enjeux de pouvoir à Lubumbashi, où chaque décision administrative semble désormais susceptible de contentieux.
Dans l’attente des développements procéduraux, l’administration municipale de Lubumbashi fonctionne dans un climat de précarité institutionnelle préjudiciable à la gestion des affaires courantes. La crédibilité des institutions locales se trouve mise à l’épreuve tandis que les citoyens observent, impuissants, cette bataille d’influence aux relents politiques manifestes. La résolution de cette crise apparaît d’autant plus urgente qu’elle risque de compromettre le fonctionnement essentiel des services publics dans la métropole du Haut-Katanga.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net