« C’est une victoire pour toutes les femmes de l’Équateur ! » s’exclame Ruth Kusoneka Bengo, coordinatrice de l’ONG AMEF, les yeux brillants de détermination. Ce vendredi 8 août, trente acteurs de la société civile ont transformé la salle de conférence de Mbandaka en un laboratoire d’espoir, célébrant des avancées tangibles issues de mois de plaidoyer droits femmes Equateur. Leur combat silencieux a enfin donné naissance à deux édits provinciaux Mbandaka historiques votés par l’assemblée locale.
Le premier édit crée une ligne budgétaire dédiée à la prise en charge des victimes de violences sexuelles RDC, une réponse urgente dans une province où les agressions nocturnes étaient devenues monnaie courante. Le second consacre le droit d’héritage des terres forestières pour les femmes, brisant des siècles d’exclusion. Mais comment ces textes changeront-ils le quotidien des Congolaises des zones rurales ? La réponse vient du terrain : trois espaces de terres ont déjà été octroyés par le gouverneur pour des activités génératrices de revenus, une bouée de sauvetage économique.
Dans le village Bongonde Drapeau, une mesure simple mais révolutionnaire montre l’impact local de ces luttes. Le maire a interdit le marché nocturne par arrêté municipal, ramenant toutes les transactions commerciales en journée. « Avant, nos filles risquaient leur vie en vendant des tomates après 18h. Maintenant, elles rentrent avant le coucher du soleil », témoigne une commerçante rencontrée près du fleuve Congo. Cette mesure de protection reflète-t-elle enfin une prise de conscience collective ?
Les avancées touchent aussi les plus vulnérables. Les peuples autochtones pygmées bénéficient désormais d’une exonération des frais de mariage auprès des officiers d’état civil, tandis que le tribunal de grande instance de Mbandaka délivre gratuitement des jugements supplétifs. Des centaines d’enfants sans existence légale ont reçu leur certificat de naissance, une première étape vers la reconnaissance de leurs droits fondamentaux. Le maire a par ailleurs interdit l’exploitation économique des mineurs dans le petit commerce ambulant, renforçant la protection enfants pygmées.
Ces victoires s’inscrivent dans le cadre du projet Pouvoir Choisir AMEF, pilier d’influence soutenu par Oxfam et le ministère de la Santé avec des fonds canadiens. Pourtant, Ruth Kusoneka lance un avertissement solennel : « Les édits votés doivent maintenant devenir réalité dans les villages. Aux gouvernants de traduire ces textes en actes concrets pour les femmes, les enfants et les jeunes ! » Les participants se sont engagés à poursuivre la vulgarisation de ces lois, conscient que le plus dur commence : transformer l’encre des documents officiels en changement social palpable.
Dans une région où la coutume a souvent primé sur le droit écrit, ces édits provinciaux dessinent les contours d’une nouvelle justice sociale. Mais leur succès dépendra de l’implication des chefs traditionnels et de la volonté politique réelle. Alors que le soleil se couche sur Mbandaka, une question persiste : ces mesures pionnières feront-elles tache d’huile dans d’autres provinces confrontées aux mêmes défis ? L’espoir est permis, mais le chemin reste semé d’embûches.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd