Dans un revirement stratégique lourd de signification géopolitique, le Bayern Munich a officiellement annoncé ce vendredi 8 août 2025 la rupture de son partenariat commercial avec Visit Rwanda. Cette décision intervient après plusieurs mois de controverse internationale, marquée par des pressions croissantes des supporters et une mobilisation diplomatique congolaise dénonçant l’implication présumée de Kigali dans les violences à l’est de la République démocratique du Congo.
Selon les informations confirmées par la chaîne DW, le contrat initial – qui arborait le slogan « Visit Rwanda » sur les panneaux publicitaires de l’Allianz Arena et promouvait les investissements dans le pays – sera transformé en « un partenariat dédié exclusivement au développement du football rwandais ». Cette restructuration s’appuiera principalement sur l’expansion de l’académie du Bayern à Kigali, déplaçant ainsi l’axe de coopération du domaine touristique vers le sportif. Une mutation significative pour ce Bayern Rwanda partenariat qui générait près de 5 millions d’euros annuels pour le club allemand.
La chronologie des événements révèle l’impact déterminant de la diplomatie congolaise dans ce dossier sensible. Six mois plus tôt, Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre des Affaires étrangères de la RDC, avait adressé une lettre ouverte au Bayern Munich, à Arsenal et au Paris Saint-Germain. Elle les exhortait à résilier des « contrats entachés de sang » avec le Rwanda, accusant Kigali de financer les rebelles du M23 dans l’est congolais. Un argument relayé par des rapports onusiens documentant le soutien rwandais à ce groupe armé, systématiquement démenti par les autorités de Kigali.
La pression civile s’est manifestée de façon spectaculaire en février dernier lorsque des supporters bavarois ont déployé une banderole accusatrice lors d’un match : « Visit Rwanda – fermer les yeux, c’est trahir les valeurs du FC Bayern ». Ce geste symbolique illustrait la prise de conscience croissante des enjeux humanitaires liés à ce conflit RDC Rwanda qui ravage les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri depuis des années.
Jan-Christian Dreesen, directeur général du Bayern, a tenté d’apaiser les tensions en précisant que « le contrat initial, valable jusqu’en 2028, restait en vigueur pour sa partie non commerciale ». Il a défendu la nouvelle orientation comme « correspondant parfaitement à notre objectif stratégique de développer les talents en Afrique ». Une reformulation qui n’efface pourtant pas la portée politique de cette rupture accord Visit Rwanda.
Face à ce recul, Jean-Guy Afrika, patron du Rwanda Development Board, a réaffirmé la vision de Kigali : « Cette coopération ancre le développement des talents sportifs dans l’objectif plus large de faire du Rwanda un hub mondial du tourisme, de l’investissement et du sport de haut niveau. » Une rhétorique de continuité qui masque mal l’échec de soft power subi par le gouvernement rwandais.
Cette décision du géant allemand soulève des questions fondamentales sur la responsabilité sociale des institutions sportives. Jusqu’où doivent-elles s’immiscer dans les conflits géopolitiques lorsque leurs partenariats sont associés à des crises humanitaires ? La pression exercée par la société civile et les diplomates congolais a démontré l’efficacité des leviers économiques dans la sphère internationale. Reste à voir si d’autres clubs européens suivront cet exemple face aux accusations récurrentes concernant le soutien au M23 RDC.
Pour les observateurs régionaux, cette évolution constitue une victoire symbolique pour Kinshasa dans sa bataille diplomatique visant à isoler le Rwanda sur la scène internationale. Elle intervient dans un contexte où les violences attribuées au M23 ont provoqué le déplacement de plus de 800 000 civils selon le HCR, créant l’une des pires crises humanitaires de la décennie en Afrique centrale. La balle est désormais dans le camp des autres sponsors internationaux du Rwanda : sauront-ils ignorer plus longtemps les rapports accablants des Nations unies ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: footrdc.com
