Comment transformer les futurs leaders congolais en acteurs du changement contre les violences sexuelles ? La réponse s’est concrétisée mercredi 6 août à Beni, où une cinquantaine d’étudiants de l’Institut supérieur de commerce (ISC) ont participé à une formation inédite sur la masculinité positive et la prévention des violences basées sur le genre (VBG). Organisée par la police des Nations Unies (UNPOL) en partenariat avec l’ONG locale Tendo la Roho, cette session s’inscrit dans les efforts continus de sensibilisation VBG à Beni.
Pendant plusieurs heures, les facilitateurs – dont des agents spécialisés de la police de protection de la femme et de l’enfant – ont décortiqué les mécanismes des VBG au-delà des simples agressions physiques. « Nous abordons sans tabou les violences psychologiques et les stéréotypes de genre qui empoisonnent notre société », explique un formateur. Les participants ont été initiés aux dangers de la sexualité non consentie et aux principes d’une masculinité responsable respectueuse des droits humains.
Pour Esaïe Paluku, président des étudiants de l’ISC-Beni, cette formation masculinité positive arrive à point nommé : « Nous vivons ces violences au quotidien, souvent perpétrées par des jeunes. En tant que futurs leaders, nous devons briser ce cycle. » Son plaidoyer pour la pérennisation de telles initiatives dans d’autres institutions résonne comme un appel à l’action. Ne faudrait-il pas généraliser ce modèle éducatif à toute la RDC ?
Les échanges ont mis l’accent sur la responsabilité collective face aux VBG. « Dénoncer n’est pas un acte de trahison, mais de courage », ont martelé les formateurs, insistant sur la nécessité de signaler tous les abus, y compris les violences économiques ou verbales fondées sur le genre. Cette approche holistique répond à une réalité alarmante : selon l’ONU, près de 30% des femmes congolaises subissent des violences avant 18 ans.
L’implication de l’UNPOL RDC dans l’éducation des jeunes démontre un changement stratégique. Plutôt que de simplement réprimer, l’institution mise sur la prévention par l’éducation. Quant à l’ONG Tendo la Roho, son ancrage local permet d’adapter le message aux réalités culturelles du Nord-Kivu. Leur collaboration offre un modèle reproductible pour combattre les violences basées genre chez les étudiants.
Cette initiative illustre un tournant dans la lutte contre les VBG en RDC : former ceux qui construiront demain plutôt que guérir les blessures d’hier. Si les défis restent immenses – insécurité persistante, ressources limitées – ces 50 étudiants formés représentent autant d’ambassadeurs potentiels pour une masculinité positive. Leur engagement sera-t-il le ferment d’une génération congolaise rejetant enfin la violence sexiste ? L’espoir est permis, à condition que ces formations se transforment en mouvement durable.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net