L’interpellation et l’incarcération de Glody Ndaya, directrice générale du média en ligne Eventsrdc.com, ont suscité la réaction officielle de l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA). Les éléments du Commissariat provincial de police ont procédé à son arrestation le 4 août 2025 dans le centre-ville de Kinshasa, alors que la journaliste revenait d’un rendez-vous professionnel.
Cette arrestation fait suite à la publication, le 31 juillet dernier, d’un article intitulé « RDC-enquête exclusive : le docteur Vincent Lokonga, un faux sauveur qui tue à petit feu ». La journaliste a été immédiatement conduite au commissariat où elle a subi un interrogatoire approfondi concernant le contenu de cette enquête. Les autorités judiciaires ont retenu contre elle le chef d’inculpation d’imputations dommageables à l’encontre du médecin spécialisé en oncologie.
Le 5 août 2025, un transfert vers le Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe a été effectué. Madame Ndaya y a été auditionnée pendant plusieurs heures par un magistrat instructeur. À l’issue de cette audition, une décision de placement en détention préventive a été rendue, dans l’attente d’une éventuelle confrontation avec le plaignant, le docteur Vincent Lokonga. Cette mesure soulève des interrogations quant à son caractère proportionné au regard des pratiques habituelles en matière de presse.
L’OLPA, par voie de communiqué, a fait part de sa surprise concernant les circonstances de cette interpellation. Tout en précisant ne pas se prononcer sur le fond de l’affaire judiciaire, l’organisation non gouvernementale a déploré la procédure employée. « L’Observatoire reste persuadé que le droit de la défense sera garanti pour une bonne administration de la justice », peut-on lire dans la déclaration officielle. Cette prise de position intervient dans un contexte où la liberté de la presse à Kinshasa fait régulièrement l’objet de vifs débats.
L’affaire oppose désormais la rédactrice en chef d’Eventsrdc.com, média digital connu pour ses enquêtes d’investigation, et le docteur Lokonga, personnalité médicale mise en cause dans l’article litigieux. La qualification juridique d’« imputations dommageables » retenue par le parquet général de Kinshasa soulève des questions sur les limites du droit à l’information. Jusqu’où peut s’étendre la critique légitime d’une figure publique dans l’exercice du journalisme d’investigation ?
Selon des sources judiciaires, la procédure devrait entrer dans une nouvelle phase avec la convocation prochaine du plaignant. La confrontation entre les deux parties, préalable à toute décision de mise en accusation ou de classement, déterminera la suite judiciaire de ce dossier. La détention préventive de la journaliste Glody Ndaya pourrait être réexaminée à cette occasion, selon les dispositions du code de procédure pénale congolais.
Cette affaire survient dans un paysage médiatique congolais où plusieurs cas de pressions sur des organes de presse ont été documentés ces derniers mois. Des observateurs internationaux suivront avec attention l’évolution de cette procédure, particulièrement sous l’angle du respect des standards internationaux relatifs à la liberté d’expression. La crédibilité du système judiciaire de la RDC en matière de protection des droits des journalistes pourrait se trouver impactée par l’issue de cette affaire Vincent Lokonga.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
