Des coups de feu ont déchiré la nuit de samedi à Komanda, localité de la province troublée de l’Ituri. Des assaillants identifiés comme des combattants des Forces démocratiques alliées (ADF) ont violemment pénétré dans la salle paroissiale des Bienheureux Anuarite. Selon des témoignages recueillis sur place, les attaquants ont méthodiquement verrouillé les issues avant d’opérer une sélection macabre parmi les fidèles. Les plus vulnérables, dont des femmes et des enfants, ont été ligotés puis exécutés de sang-froid.
Le bilan provisoire communiqué par la MONUSCO fait état d’au moins 43 victimes civiles. Parmi les survivants, Pierre Abendi, 21 ans, membre de la Croisade eucharistique, décrit une scène d’horreur : “Après m’être endormi vers 21h00, les détonations m’ont réveillé en sursaut. Quand j’ai reconnu leur langue étrangère, j’ai su que c’étaient les ADF. Blotti derrière un matelas, j’attendais mon tour de mourir”, confie-t-il, la voix encore tremblante d’effroi.
Le père Aimé Lokana Dhego, responsable de la paroisse catholique ciblée par cette violence nord-est RDC, confirme des chiffres glaçants : “Nous déplorons au moins 31 morts sur place, six blessés graves et plusieurs jeunes enlevés par le groupe armé est Congo”. Non loin des lieux du massacre, Félicien (nom d’emprunt) tenait sa boutique quand les cris de détresse ont retenti. Les assaillants ont menacé de l’incendier s’il n’ouvrait pas. “Face à leurs machettes et fusils, c’était la terreur pure. Ils nous ont emmenés dans la brousse comme pour un abattage”, raconte-t-il. Sa fuite ne fut possible qu’après une confrontation inattendue entre les ADF et un autre groupe armé.
Lundi, Komanda vivait au rythme des funérailles collectives. Sous haute surveillance sécuritaire, des dizaines de cercueils ont été descendus dans une fosse commune à 60 km au sud-ouest de Bunia. Mais la douleur se mêlait à la colère parmi les habitants. Une femme croisée près de la tombe collective lance une accusation cinglante : “Des enfants et femmes massacrés sous notre nez ! Que font donc les services déployés ici ? Ils ne font strictement rien pour nous protéger”. Ce sentiment d’abandon traduit l’exaspération grandissante face à l’incapacité à endiguer les massacres ADF Ituri.
L’attaque paroisse Anuarite s’inscrit dans la longue liste des exactions attribuées aux ADF. Ce groupe, composé initialement de rebelles ougandais, a multiplié pillages et meurtres malgré le déploiement conjoint depuis 2021 des armées congolaise (FARDC) et ougandaise (UPDF). Après son allégeance à l’État islamique en 2019, sa brutalité n’a fait que s’amplifier dans l’est de la RDC.
Les réactions internationales ont été immédiates. Le pape François a exprimé sa “consternation et profonde affliction” devant ce drame. La France, par voie diplomatique, a condamné “avec la plus grande fermeté” cette attaque église Komanda, réaffirmant son soutien aux autorités congolaises contre le terrorisme. Reste une question lancinante : combien de massacres faudra-t-il encore avant que des mesures efficaces ne brisent l’engrenage de la violence dans cette région martyre ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net