Le ministre des Hydrocarbures, Didier Budimbu Ntubuanga, dit Sakombi Molendo, a lancé un signal fort lors de l’atelier du 31 juillet 2025 à Kinshasa : la République démocratique du Congo doit urgemment moderniser son cadre légal pétrolier. « Il est impératif de réformer le code des Hydrocarbures de 2015 », a-t-il martelé, soulignant que ce texte montre désormais « ses limites » après une décennie d’application. Cette initiative, placée sous l’égide du président Félix Tshisekedi, marque le début d’un processus consultatif visant à repositionner la RDC sur l’échiquier énergétique africain.
Dans un contexte de concurrence pétrolière africaine exacerbée, Sakombi a dressé un constat sans concession. Alors que l’Angola, le Gabon ou la Namibie exploitent leurs ressources offshore, la RDC reste prisonnière de ses blocs terrestres enclavés. « Nos gisements onshore et lacustres limitent l’attractivité », a-t-il reconnu, ajoutant que le pays se classe « 86e mondial » avec une production stagnante sous les 25 000 barils quotidiens. La question centrale s’impose d’elle-même : comment attirer les investissements dans le secteur pétrolier face à des voisins aux cadres fiscaux plus compétitifs ?
Le ministre a identifié dix failles majeures dans la loi actuelle :
- Un régime d’attribution des droits miné par des vides juridiques
- Une fiscalité « hybride » jugée étouffante avec 4 zones fiscales et 6 bonus
- L’absence de critères techniques pour classer les blocs pétroliers
- Des mécanismes de transport inadaptés à l’enclavement du territoire
- Aucun fonds pour les générations futures ni stocks stratégiques
Ces lacunes expliqueraient l’échec cuisant des appels d’offres de 2022, selon l’exécutif.
« Innover pour attirer les sociétés internationales » : tel est le mantra répété par Sakombi, qui entend aligner la future législation sur les standards de l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO). Le paradoxe est pourtant saisissant. Comment un pays doté de trois bassins sédimentaires prometteurs – côtier, cuvette centrale et Grabens du Rift – reste-t-il un « acteur modeste » ? La réponse résiderait dans ce « mauvais régime pétrolier » qui, prévient le ministre, « peut ruiner tout espoir d’investissement ».
L’enjeu dépasse la simple révision technique. Il s’agit de construire une gouvernance énergétique « ambitieuse » où l’État orchestre une réforme « enrichie par la société ». Le modèle nigérian des PME pétrolières est explicitement cité comme inspiration. Mais le calendrier reste tendu : avec l’émergence de nouveaux producteurs comme l’Ouganda ou le Mozambique, la RDC parviendra-t-elle à accélérer sa transformation ? La refonte du code hydrocarbures constitue un test crucial pour la crédibilité économique du pays. L’équipe Sakombi joue son va-tout sur ce dossier stratégique, sachant qu’un échec hypothéquerait durablement l’attractivité congolaise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net