Dans le cadre d’une parade mixte tenue ce jeudi 31 juillet 2025 à Kinshasa, deux figures institutionnelles ont adressé un message sans équivoque aux forces de l’ordre. Le ministre provincial des Transports et Mobilité urbaine, Bob Amisso, et Israël Kantu, Commissaire divisionnaire adjoint, ont conjuré les agents de la police routière et du secteur transport de cesser tout abus dans l’exercice de leurs fonctions. Un discours qui résonne comme un aveu implicite des dysfonctionnements chroniques entachant la gestion de la circulation dans la capitale congolaise.
Le ton est donné par Israël Kantu, dont l’intervention cible directement les dérives éthiques : « La conscience professionnelle et le respect des droits humains doivent guider l’exercice des missions des agents de transport ». Le numéro deux de la police kinoise promet d’engager un dialogue avec ses troupes pour transformer cette « cohabitation forcée » en véritable collaboration. Des paroles qui soulèvent une question lancinante : pourquoi faut-il rappeler l’évidence à des professionnels censés incarner l’autorité républicaine ?
Bob Amisso, pour sa part, brandit l’argument de la légalité comme rempart contre les pratiques arbitraires. Dans une déclaration sans concession, le ministre du transport martèle que « les lois de la République sont les seules boussoles » devant orienter les interventions sur le terrain. Son injonction est claire : « L’interpellation des usagers doit se faire dans le strict respect de la procédure légale. Toute dérive est formellement interdite ». Un plaidoyer pour la procédure légale circulation qui semble répondre à des plaintes récurrentes sur les exactions commises sous couvert de contrôle routier.
La rhétorique ministérielle prend une tournure plus politique lorsqu’elle évoque la relation entre forces de l’ordre et population. « La population n’est pas votre ennemie », assène Bob Amisso, condamnant avec vigueur les « actes de tracasserie » subis par les opérateurs économiques. Cette sortie publique interroge sur l’effectivité des mécanismes de contrôle interne au sein des corps habilités. Si le ministre exige l’« application rigoureuse » des textes constitutionnels régissant le secteur, quels garde-fous concrets seront mis en place pour y parvenir ?
Cette parade mixte Kinshasa révèle les tensions sous-jacentes d’une collaboration police transport RDC souvent conflictuelle. Les appels répétés au respect des droits humains et à la déontologie professionnelle trahissent une défiance systémique nécessitant plus qu’un discours incantatoire. Israël Kantu police et Bob Amisso transport parviendront-ils à imposer cette nouvelle doctrine sur un terrain miné par des pratiques ancestrales ? L’enjeu dépasse la simple fluidité du trafic : c’est la crédibilité même de l’État de droit qui se joue aux barrages de Kinshasa.
Derrière la solennité des déclarations, persiste l’ombre des réseaux informels et des intérêts particuliers qui gangrènent la gestion urbaine. La véritable mesure de cette initiative résidera dans sa traduction opérationnelle : les usagers kinois attendront des actes concrets plutôt que des professions de foi. Alors que la capitale affronte des défis colossaux de mobilité, cette injonction à la moralisation des pratiques pourrait bien constituer le premier test de crédibilité pour les nouvelles autorités provinciales.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net