Lors d’une visite marquée par des engagements concrets, Jacquemin Shabani, Vice-Premier ministre congolais chargé de l’Intérieur et de la Sécurité, s’est rendu ce mardi au camp de Buemba au Congo-Brazzaville. Ce site accueille 8 583 réfugiés congolais, majoritairement déplacés depuis les violences intercommunautaires de 2018 dans la région de Yumbi. Un drame humain qui continue de résonner comme un rappel des fragilités persistantes dans certaines provinces de la RDC.
Face à cette situation, le haut responsable a exprimé la solidarité nationale et dévoilé une initiative majeure : l’organisation imminente d’un forum de paix dans la province du Maï-Ndombe. « La paix avance vers vos villages. Vous pourrez, le moment venu, y retourner volontairement et en toute sécurité », a-t-il déclaré aux réfugiés. Cette démarche s’inscrit dans la politique nationale de résolution des conflits, visant à créer les conditions d’un retour durable et digne des populations déplacées. Comment garantir, toutefois, que ces forums déboucheront sur une réconciliation tangible ?
La coopération sécuritaire entre la RDC et le Congo-Brazzaville a formé le second volet de cette visite stratégique. Shabani a coprésidé avec son homologue Zéphirin Mboulou deux sessions bilatérales cruciales : la 11e commission défense-sécurité et la 10e commission technique mixte sur les questions frontalières. Ces instances travaillent à la démarcation frontalière RDC-Congo, un enjeu géopolitique sensible, tout en renforçant la sécurité le long des 2 410 km de frontière commune. Une nécessité vitale pour contrer les groupes armés et les trafics transfrontaliers qui menacent la stabilité régionale.
Dans un geste concret, le gouvernement congolais a remis une aide d’urgence pour les besoins immédiats du camp, notamment en vivres et abris. Shabani a également salué l’hospitalité des autorités de Brazzaville, soulignant combien cette solidarité transnationale reste essentielle dans la gestion des crises humanitaires. Les réfugiés congolais Congo-Brazzaville constituent en effet l’un des plus importants groupes de déplacés dans la région des Grands Lacs.
Cette double approche – humanitaire et sécuritaire – révèle la complexité des défis à relever. Si le forum de paix Maï-Ndombe représente un pas vers l’apaisement des tensions locales, son succès dépendra de l’inclusion réelle des communautés affectées. Parallèlement, la démarcation frontalière RDC-Congo exigera des compromis techniques et politiques. L’efficacité de cette coopération sécuritaire RDC pourrait bien devenir un modèle pour toute la sous-région. Qu’en sera-t-il dans six mois lorsque les premières familles tenteront de regagner leurs terres ? L’avenir des réfugiés se joue désormais à la croisée de la diplomatie et de la reconstruction sociale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
