Dans un studio de Kinshasa, Marie, ingénieure en télécommunications, attend depuis deux heures qu’on l’interroge sur un dossier technique. Finalement, le présentateur lui préfère un collègue masculin moins qualifié. Ce scénario, trop fréquent selon le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), illustre une réalité alarmante : la sous-représentation des femmes dans les médias audiovisuels en RDC.
L’étude qualitative dévoilée ce 28 juillet à Kinshasa dresse un constat sans appel : les femmes congolaises demeurent prisonnières des stéréotypes traditionnels dans les productions médiatiques. Malgré leur présence dans les salles de rédaction, elles sont reléguées aux rubriques « légères » ou domestiques, tandis que les rôles d’experts, décideurs politiques ou analystes économiques restent majoritairement masculins. Comment expliquer cette parité genres CSAC si difficile à atteindre dans notre paysage audiovisuel ?
Mimi Engumba, présidente de la commission technique du CSAC, ne mâche pas ses mots : « Cette marginalisation des femmes dans les contenus à forte portée décisionnelle perpétue un déséquilibre inacceptable. Les médias doivent devenir des acteurs proactifs de l’égalité plutôt que des miroirs déformants de nos préjugés. » Son appel pressant aux rédactions congolaises soulève une question cruciale : jusqu’à quand les compétences féminines seront-elles occultées au profit de stéréotypes réducteurs ?
Brunon Mbolison, vice-président du CSAC, reconnaît les défis économiques qui pèsent sur les chaînes : « Certains médias luttent pour leur survie financière, mais cela ne justifie en rien le non-respect systématique de l’éthique journalistique en matière de représentation genrée. » Cette enquête de vingt pages révèle notamment que les femmes n’apparaissent que comme témoins passives dans 78% des reportages traitant de sujets socio-économiques majeurs.
Les conséquences de cette sous-représentation femmes médias RDC dépassent le cadre professionnel. Elle renforce les inégalités dans l’imaginaire collectif et prive les jeunes générations de modèles féminins inspirants. Pourquoi une petite fille congolaise ne verrait-elle pas à l’écran des femmes pilotes, cheffes d’entreprise ou ministres ? Les stéréotypes médias congolais contribuent insidieusement à limiter les ambitions professionnelles des adolescentes.
Le monitoring du CSAC se veut un électrochoc pour l’ensemble de la profession. Il propose des pistes concrètes : révision des lignes éditoriales, formation des journalistes à la déconstruction des préjugés, et instauration de quotas progressifs. L’enjeu dépasse la simple visibilité médiatique ; il touche à la construction d’une société véritablement inclusive où l’égalité médias RDC devient le reflet de nos valeurs communes.
Alors que la RDC aspire à une démocratie apaisée, la juste représentation des femmes audiovisuel Congo dans les médias s’impose comme un impératif citoyen. Car chaque fois qu’une experte congolaise est évincée d’un plateau au profit d’une voix masculine, c’est toute la nation qui perd en crédibilité et en diversité de pensée. Le chemin vers la parité reste long, mais cette alerte du CSAC pourrait bien marquer le début d’une révolution silencieuse dans nos salles de rédaction.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net