Le bruit de l’eau qui jaillit des robinets résonne comme une mélodie oubliée dans les ruelles de Mbuji-Mayi. Annie Kaja, les mains encore humides, s’exclame : « Nous avons de l’eau en permanence avec une bonne pression ! Finies les nuits passées à faire la queue devant les rares points d’eau. » Comme elle, des milliers de ménagères du chef-lieu du Kasaï-Oriental revivent depuis lundi 28 juillet, après deux longs mois de sécheresse domestique.
Cette renaissance hydrique est le fruit d’un double effort. D’un côté, la REGIDESO a raccordé de nouveaux quartiers grâce à un réseau financé par la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Banque allemande KfW. Didier Mbudi Lelo, directeur régional, souligne : « Ces investissements transforment concrètement notre capacité à desservir la population. » De l’autre, des opérateurs privés ont installé des bornes fontaines stratégiques, maillant la ville de points d’accès complémentaires.
La pénurie d’eau résolue produit déjà des effets tangibles sur le quotidien et le portefeuille des habitants. Irène Mbombo, rencontrée devant une borne fontaine, calcule avec un sourire : « Un bassin qui coûtait 500 francs congolais durant la crise est redescendu à 150 francs ! Une baisse de plus de 150% qui change tout pour nos marmites. » Dans une région où le revenu moyen avoisine les 2 dollars par jour, cette économie représente un soulagement palpable.
Pourtant, derrière cette amélioration se cachent des questions cruciales : combien de temps faudra-t-il pour généraliser l’accès à tous les quartiers ? Les bornes fontaines suffiront-elles face à la croissance démographique galopante de Mbuji-Mayi ? La directrice d’une association locale, sous couvert d’anonymat, tempère l’enthousiasme : « Ces projets sont vitaux, mais nous surveillons la durabilité des infrastructures. L’eau n’est pas un privilège, c’est un droit fondamental. »
Alors que le soleil tape sur les citernes désormais inutiles, une nouvelle dynamique s’installe. Les enfants jouant près des robinets ouverts symbolisent cette renaissance. Mais la route reste longue avant que chaque famille du Kasaï-Oriental ne puisse boire sans crainte ni parcourir des kilomètres. Cette victoire temporaire rappelle surtout que l’accès à l’eau potable demeure le combat quotidien de millions de Congolais, entre innovations techniques et urgences sociales.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net