Dans le tourbillon des crises qui secouent la République Démocratique du Congo, la communication gouvernementale s’érige en rempart contre la désintégration nationale. Patrick Muyaya Katembwe, ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement, incarne ce bouclier informationnel avec une constance remarquable. Sa mission? Contrer la « guerre asymétrique » menée par les groupes armés dans l’Est tout en parant les coups de la désinformation, ce « Poison Rwandais » qui empoisonne le débat public.
L’insécurité persistante au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et en Ituri ne se résume pas à des affrontements militaires. Elle s’accompagne d’une bataille narrative où les fake news deviennent des armes de destruction massive de la cohésion sociale. Dans cette arène, le « briefing du gouvernement », initiative phare de Muyaya, s’avère aussi crucial qu’une opération militaire. Ce rendez-vous hebdomadaire de redevabilité, institué sous son mandat, constitue désormais un pilier de transparence face aux propagandes ennemies.
L’expérience du ministre, façonnée à l’IFASIC et affinée au CHESD, lui confère une double compétence : déchiffrer les rouages médiatiques tout en maîtrisant les impératifs sécuritaires. Ancien journaliste passé par la CEBS, il manie la pédagogie politique avec une aisance déconcertante. Qui d’autre pourrait vulgariser la complexité des réformes de la CENI ou de la diplomatie de Tshisekedi tout en répondant aux provocations du M23 ?
« Y a pas une arme plus puissante que 120 millions de Congolais ! », clamait-il sur Twitter, résumant sa philosophie : faire du citoyen un rempart contre l’occupation. Cette rhétorique mobilisatrice, alliée à une présence internationale remarquée sur TV5 Monde ou France 24, fait de lui un ambassadeur redoutablement efficace de la cause congolaise. Dans les capitales étrangères où le narratif sur l’Est est souvent capté par des lobbies hostiles, sa voix porte avec une autorité rare.
Pourtant, certains pourraient s’interroger : en pleine pacification de l’Est, changer de porte-parole serait-il si périlleux ? La réponse tient en un mot : continuité. Un nouveau venu mettrait des mois à décrypter les dossiers brûlants, tandis que les adversaires de la RDC prospèrent dans la confusion. Muyaya, lui, a construit un écosystème cohérent – de la charte graphique gouvernementale à la coordination des réseaux sociaux – qui ne supporte pas l’improvisation. Rompre cette dynamique reviendrait à offrir un boulevard aux marchands de chaos.
Son approche tranche avec les réflexes autoritaires : plutôt que la censure, il prône un dialogue avec la presse et la relecture de la loi sur les médias. Cette modération stratégique, couplée à une accessibilité déconcertante, lui vaut un capital de sympathie transcendant les clivages. Même l’opposition reconnaît en lui un interlocuteur crédible, qualité précieuse dans un pays miné par les divisions ethnorégionales.
La conclusion s’impose d’elle-même : le maintien de Patrick Muyaya n’est pas une faveur, mais une nécessité tactique. Tant que les armes tonneront dans l’Est, priver le gouvernement de son stratège communicationnel équivaudrait à une capitulation devant la désinformation. Son ministère mérite d’ailleurs des moyens accrus pour créer une RTNC Infos capable de rivaliser avec Al Jazeera, véritable outil de soft power. Car dans cette guerre hybride où les tweets valent des missiles, congédier un tel général relèverait de l’inconséquence stratégique. Le retour de la paix à l’Est se jouera aussi devant les micros.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Eventsrdc
