L’air de Kinshasa se charge d’une électricité particulière ce samedi, alors que le Trône du Rire, après un interminable silence de quatre mois, reprend ses droits à l’Académie des Beaux-Arts. Sous l’impulsion de Tout Facile Studio, cette renaissance comique s’installe dans un écrin nouveau : la Salle de promo de ce temple culturel, transformé pour l’occasion en sanctuaire dédié au rire francophone.
Dès 17h30 précises, les projecteurs s’allumeront sur une constellation d’humoristes congolais et africains triés sur le volet. Le public kinésien vibrera aux rythmes des punchlines de Franche Béni, de l’impertinence de Ray Bouity, de l’énergie contagieuse d’Evane Lesnar ou encore de la finesse d’Ely Muyuku. Mordecai Kamangu, Kevin Zola et Chinoir complètent cette palette artistique venue de Kinshasa, Brazzaville et Pointe-Noire. Chacun de ces artisans du rire promet d’offrir une performance où l’authenticité le dispute à l’irrésistible.
Mais cet événement dépasse le simple cadre du divertissement éphémère. N’est-ce pas là une pierre angulaire dans l’édifice encore fragile de la culture humoristique en République démocratique du Congo ? Le Comedy Club Kinshasa s’impose comme l’un des rares espaces réguliers dédiés à l’art comique, offrant une tribune essentielle aux talents locaux et régionaux. Cette régularité est vitale : elle structure un secteur, ouvre des perspectives professionnelles et affine les styles, contribuant ainsi à la professionnalisation du paysage culturel congolais.
Le choix de l’Académie des Beaux-Arts comme nouveau berceau du Trône du Rire n’est pas anodin. Symboliquement, il marque une ambition : ancrer l’humour dans le patrimoine artistique national et toucher un public plus vaste, au-delà des cercles habituels. Ces murs, habitués à résonner des créations plastiques et théâtrales, deviennent désormais le royaume où se forge l’humour RDC contemporain. Une fusion des disciplines qui enrichit mutuellement les expressions artistiques.
Dans le contexte souvent tumultueux du quotidien congolais, quel rôle joue donc ce rire collectif ? Bien plus qu’une simple évasion, il se mue en acte de résistance douce, en ciment social et en outil de résilience. Les éclats de rire partagés lors de cette soirée seront autant de catharsis individuelles et collectives. Le Trône du Rire offre ce précieux espace où la satire devient réflexion, où la dérision soulage les tensions, et où la joie commune transcende les différences. C’est dans cette alchimie que réside la véritable puissance de ce rendez-vous incontournable.
Alors que les portes de l’Académie des Beaux-Arts s’ouvriront bientôt, une question palpite dans l’air kinésien : ce retour tant attendu du Trône du Rire marquera-t-il un tournant décisif pour la reconnaissance de l’humour comme art majeur au Congo ? La réponse se construira dans les rires fusant ce samedi soir, dans les applaudissements nourris et dans la promesse renouvelée d’une scène comique congolaise en pleine affirmation de son identité et de sa vitalité.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd
