Lors de la 20e édition de la DRC Mining Week à Lubumbashi, un message fort a résonné dans l’écosystème minier congolais. Annebel Oosthuizen, première femme à diriger Kamoa Copper SA – fleuron minier produisant près de 400 000 tonnes de cuivre annuellement – a exposé une vision où le leadership féminin devient catalyseur de développement économique local. Dans un secteur où les postes stratégiques restent majoritairement masculins, son parcours symbolise une rupture : six promotions en dix ans, menant à la direction générale de ce géant industriel.
« Le véritable leadership repose sur l’écoute et l’humilité », a-t-elle affirmé lors du forum « Femmes, Mines et Leadership ». Son approche humaine contraste avec les stéréotypes techniques du secteur. Quelle valeur ajoutée les femmes apportent-elles à la gestion des ressources ? Pour Oosthuizen, la réponse tient en des qualités intrinsèques : « compassion, innovation et capacité à fédérer », des atouts cruciaux face aux défis de gouvernance et de durabilité qui traversent l’industrie minière en RDC.
Sous son impulsion, Kamoa Copper a enregistré une progression spectaculaire de 60% de femmes aux postes décisionnels en un an seulement. Ces profils influents pilotent désormais des départements clés : ressources humaines, chaîne d’approvisionnement et développement communautaire. « Lorsqu’une personne compétente occupe le bon poste, le changement s’opère naturellement. Ce n’est plus une politique, mais notre culture organisationnelle », souligne-t-elle. Cette inclusion dépasse le symbole : elle impacte la performance opérationnelle et la responsabilité sociale d’entreprise.
L’analyse économique révèle toutefois des obstacles persistants. Pour les surmonter, Kamoa a déployé des leviers concrets : centres de garde d’enfants, bourses d’études internationales pour jeunes diplômées congolaises, et programmes du Centre d’Excellence dédié. Ces investissements structurels visent à créer un terreau où l’égalité des chances devient réalité tangible plutôt qu’incantation. Comment transformer l’essai à l’échelle nationale ? « En comprenant que notre potentiel réside dans la complémentarité des talents », répond Oosthuizen.
Son plaidoyer s’inscrit dans une ambition macroéconomique : positionner la RDC comme pivot africain de la transition énergétique. « Nous disposons des ressources, de l’expertise et de la détermination », affirme-t-elle, rappelant que le cuivre congolais représente 10% des réserves mondiales. Mais le défi va au-delà de l’extraction : « L’industrie a besoin d’esprits capables de concevoir des solutions durables, pas seulement de main-d’œuvre technique ».
Le message final d’Oosthuizen aux femmes mines RDC fuse comme un appel à l’action : « Le moment est propice. Croyez en vos capacités, avancez avec gaieté ». Une philosophie qui résonne alors que le pays vise à tripler sa production minière d’ici 2030. Si l’inclusion secteur minier progresse, sa généralisation pourrait injecter une agilité nouvelle dans un écosystème en mutation. La trajectoire d’Annebel Oosthuizen démontre que le changement passe par l’exemplarité – et que l’avenir économique du Congo se conjugue aussi au féminin.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd