Kinshasa, jeudi 24 juillet – La coopération militaire Chine-RDC s’apprête à franchir un nouveau cap. Lors des célébrations du 98e anniversaire de l’Armée populaire de libération (APL) organisées par l’ambassade de Chine à Kinshasa, les représentants de Pékin ont dévoilé une feuille de route ambitieuse pour renforcer les capacités de défense congolaises. L’événement, qui a réuni diplomates, officiers supérieurs et responsables gouvernementaux, a servi de tribune pour réaffirmer un engagement stratégique face aux défis sécuritaires persistants.
Le colonel supérieur AN Yanjun, attaché de défense de Chine en RDC, a tracé les contours de cette collaboration renforcée. « À l’avenir, les deux parties intensifieront leur coopération dans le domaine de la sécurité militaire », a-t-il déclaré devant l’assistance, précisant les axes concrets : échanges de personnel, formation des troupes, transferts technologiques dans l’industrie de la défense et organisation d’exercices conjoints. Cette annonce s’inscrit dans le cadre plus large du soutien inconditionnel de Pékin à la sauvegarde de l’intégrité territoriale congolaise.
L’ambassadeur Zhao Bin a quant à lui ancré ce partenariat dans la réalité géopolitique de l’Est de la RDC. « La Chine continuera à soutenir fermement la RDC dans la préservation de sa sécurité et de ses intérêts de développement », a-t-il martelé, évoquant la nécessité d’une action coordonnée contre les groupes armés. Son plaidoyer pour un « partenariat stratégique » approfondi révèle une volonté de transformer la relation bilatérale en levier de stabilité régionale.
Ce soutien s’incarne déjà dans des actions tangibles. La résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée en février sous présidence chinoise, constitue un jalon diplomatique majeur. Par ce texte adopté à l’unanimité, Pékin a orchestré la mobilisation internationale autour de la souveraineté congolaise, consolidant son rôle de facilitateur clé. Parallèlement, le déploiement continu de casques bleus chinois dans les zones troublées illustre cette implication opérationnelle directe, saluée à plusieurs reprises par les autorités de Kinshasa.
Les défis restent pourtant immenses. Alors que les provinces de l’Est connaissent une recrudescence des violences, quel impact réel pourra avoir cette coopération militaire élargie ? Les observateurs notent que la formation des FARDC et le développement d’une industrie de défense locale pourraient changer la donne sur le long terme. Cependant, la mise en œuvre effective de ces engagements nécessitera une coordination sans faille entre les états-majors des deux nations.
Historiquement, les relations militaires sino-congolaises remontent aux premières décennies post-indépendance, mais ont connu un essor significatif depuis les années 2000. La présence de l’attaché de défense chinois à Kinshasa dépasse désormais le cadre symbolique pour incarner un maillon essentiel de la politique étrangère de Pékin en Afrique centrale. À l’heure où les puissances occidentales révisent leurs engagements sécuritaires sur le continent, l’offensive diplomatique chinoise en RDC prend une dimension stratégique accrue.
Les annonces faites lors de cet anniversaire de l’APL dessinent ainsi une nouvelle ère dans la coopération bilatérale. Si les modalités pratiques restent à préciser – budgets, calendriers, champs d’application opérationnelle –, le message politique est sans équivoque : Pékin positionne la RDC comme un pilier de sa présence sécuritaire en Afrique. Reste à savoir comment cette alliance renforcée se traduira sur le terrain, où les populations de l’Est attendent des résultats concrets contre l’insécurité chronique.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
