L’initiative du pacte social CENCO-ECC prend une dimension concrète sous l’impulsion du sénateur Didier Mumengi. Lors d’un débat citoyen organisé par Pona Congo et la Synergie de Transparence des Processus de Paix, le secrétaire général de cette structure interreligieuse a rectifié une méprise persistante : loin d’être un simple dialogue politique, ce pacte constitue un écosystème holistique de construction de la paix. Quelle place réelle occupe le peuple congolais dans ces mécanismes ? La réponse s’articule autour d’une proposition audacieuse.
Mumengi a dévoilé la requête officielle adressée au Président de la République : décréter un « mois de paix » en RDC. Pendant trente jours, évêques et pasteurs mèneraient une vaste campagne de prédication pour « susciter un mouvement de paix populaire ». Cette pastorale ambitionne de transformer le contexte psychologique et culturel des Congolais, immergés dans des conflits internes. « Vivre en paix les uns avec les autres » en serait le thème central, selon les termes du sénateur devant une assistance comble.
Cette démarche s’accompagne d’un atelier intercommunautaire visant à construire des « éléments d’interculturalité ». Une stratégie qui contraste avec les approches politiques traditionnelles, privilégiant la réconciliation de proximité comme fondement de l’éthique républicaine. Mais l’originalité du pacte social réside dans ses cinq piliers fondateurs, détaillés en présence de Monseigneur Donatien Nshole et du Révérend Éric Senga.
Première colonne : une charte projetant les accomplissements économiques, sociaux et culturels d’ici 2060, centenaire de l’indépendance. Deuxième pilier : un référentiel de gouvernance experte traversant toute l’administration publique. Le troisième repose sur une convention d’entente intercommunautaire, tandis que le quatrième prévoit une campagne pluriannuelle d’éducation à la culture de la paix – parascolaire, médiatique et artistique. Enfin, un traité de bon voisinage transfrontalier clôt l’édifice.
Le dialogue politique, souligne Mumengi, n’interviendra qu’après la consolidation de ces bases. Une séquence qui culminerait par une conférence internationale sur la paix dans les Grands-Lacs, présentant le chef de l’État comme leader d’« une société réconciliée avec elle-même ». Cette architecture complexe peut-elle réellement extirper les racines des conflits à l’Est ? La présence notable du ministre de la Communication et du rapporteur de l’Assemblée nationale à ce débat citoyen suggère que l’exécutif prend au sérieux cette initiative religieuse. Reste à savoir si les cinq piliers résisteront aux réalités géopolitiques de la région.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd