Le football congolais vit au rythme de météores sportifs. TIFOCO et FATSHI CUP, deux tournois lancés avec fracas ces dernières années, illustrent une tendance troublante : celle des compétitions éphémères en RDC qui brillent intensément avant de disparaître dans l’oubli. Comme des étoiles filantes, elles illuminent brièvement le ciel du football national avant de s’éteindre sans laisser de traces.
En janvier 2020, le tournoi football RDC baptisé TIFOCO faisait son apparition. Quatre nations, quatre jours de compétition… puis plus rien. La pandémie mondiale servira-t-elle d’alibi commode à cet enterrement discret ? La FATSHI CUP connaîtra le même destin funeste : inaugurée sous les vivats et les promesses de renaissance sportive, elle rejoindra vite le cimetière des compétitions éphémères Congo. Deux trophées, deux fantômes.
Comment expliquer cette étrange malédiction ? La réponse se niche peut-être dans les couloirs du pouvoir. Chaque nomination d’un nouveau ministre sport RDC semble déclencher la création d’un tournoi éphémère. Véritable vitrine politique, ces événements servent-ils davantage les carrières ministérielles que le développement du football ? L’image du ministre en tenue sportive, coup d’envoi symbolique donné devant les caméras, devient l’unique trophée durable de ces compétitions sans lendemain.
Contraste saisissant avec les nations voisines où les coupes annuelles tissent leur histoire dans la durée. Tandis que l’Europe célèbre des centenaires de compétitions, la RDC collectionne les inaugurations sans suite. Quel avenir pour le football congolais si chaque mandat politique enterre les projets du précédent ? Le championnat national en pâtit cruellement, privé de continuité et de structuration.
Pourtant, l’engouement populaire ne faiblit pas. Les rues de Kinshasa vibrent toujours au rythme du ballon rond. Les jeunes talents ne demandent qu’à s’épanouir dans un cadre pérenne. Alors pourquoi cette obstination dans l’éphémère ? Le génie congolais saura-t-il transformer ces étincelles en feu durable ?
La FATSHI CUP et le TIFOCO resteront dans les mémoires comme des symboles d’une occasion manquée. Leurs banderoles fanées et trophées oubliés interrogent cruellement notre capacité à construire un héritage sportif. Le défi est désormais clair : passer de la logique du spectacle éphémère à celle de l’institution durable. L’espoir réside peut-être dans cette nouvelle génération de dirigeants qui comprendront que la vraie victoire ne se photographie pas lors d’une inauguration, mais s’inscrit dans la persistance des réalisations.
Le football congolais mérite mieux que des feux de paille. Il mérite un stade où la mémoire dépasse la durée d’un mandat ministériel. Quand donc verrons-nous fleurir des compétitions où les petits-fils pourront questionner leurs aïeux sur les légendes du passé ? L’avenir du ballon rond en RDC se joue aujourd’hui sur ce terrain-là : celui de la constance contre l’oubli programmé.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: footrdc.com