Dans un communiqué officiel daté du 24 juillet, le ministère congolais de l’Intégration régionale a notifié le report significatif du sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL). Initialement prévu le 5 août 2024 à Kinshasa, ce rendez-vous stratégique est désormais recalé au 3 octobre 2025. Cette décision fait suite à des impératifs d’agendas contradictoires parmi plusieurs dirigeants africains membres de l’organisation, comme l’indique explicitement la note verbale adressée au Secrétariat exécutif de la CIRGL.
Quelles conséquences ce délai supplémentaire implique-t-il pour la dynamique régionale ? Si le sommet principal subit un report substantiel, le ministère rassure que l’ensemble des réunions préparatoires techniques et diplomatiques, programmées entre le 25 juillet et le 3 août, conserve sa validité. Ces sessions intermédiaires, jugées essentielles par les experts, permettront de peaufiner les dossiers sécuritaires et économiques avant la tenue du conclave présidentiel. Cette phase préparatoire maintient ainsi un cap opérationnel, évitant un vide politique dans la coopération régionale RDC avec ses partenaires.
Le contexte géopolitique confère à ce report sommet CIRGL une importance particulière. Cette conférence Grands Lacs, qui réunit douze pays dont l’Angola, l’Ouganda et le Rwanda, constitue un forum décisif pour résoudre les crises récurrentes dans l’est de la RDC. Les discussions prévues à Kinshasa octobre 2025 devront impérativement aborder le démantèlement des groupes armés, la stabilisation transfrontalière et les mécanismes de développement économique intégré. Comme le soulignent plusieurs observateurs, le report pourrait paradoxalement permettre une préparation plus exhaustive des dossiers sensibles, à condition que ce sursis ne soit pas perçu comme un relâchement des urgences sécuritaires.
Sur le plan logistique, les autorités congolaises affichent une détermination inchangée à réussir l’organisation de ce sommet reporté. Les infrastructures d’accueil à Kinshasa, dont le Palais du Peuple et les hôtels de prestige, sont déjà en phase de mise à niveau pour recevoir les délégations présidentielles dans seize mois. Des sources diplomatiques évoquent l’opportunité que ce délai offre pour consolider les positions communes sur des sujets épineux comme le traçage des minerais conflictuels ou la réforme des mécanismes d’alerte précoce. La coopération régionale RDC avec ses voisins demeure suspendue à la capacité des dirigeants à transformer cette rencontre en engagements contraignants.
Au-delà des agendas dirigeants africains, l’enjeu fondamental réside dans la crédibilité même de la CIRGL. Créée en 2000 pour apaiser les tensions, l’organisation peine encore à démontrer son efficacité opérationnelle face aux défis sécuritaires immédiats. Ce report involontaire servira-t-il de catalyseur pour une relance ambitieuse ou accentuera-t-il les scepticismes sur l’architecture de paix régionale ? La réponse se construira dans les salles de réunion préparatoires et se concrétisera – ou non – lors de ce rendez-vous d’octobre 2025, désormais point de mire de tous les acteurs engagés dans la stabilisation des Grands Lacs.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
