Alors que les crépitements d’armes résonnent dans l’Est, une autre guerre, plus insidieuse, se joue sur les écrans. Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias, a dépeint ce mercredi à l’Université de Kinshasa une réalité glaçante : chaque jour, plus de mille messages toxiques en provenance du Rwanda inondent l’espace numérique congolais. Dans cette conférence intitulée « Au cœur du processus de pacification », le ministre a révélé les arcanes d’un conflit hybride où l’information devient une arme de destruction massive.
Face à un auditoire académique attentif, Muyaya a détaillé l’architecture de cette guerre informationnelle. « Comprendre comment l’ennemi agit est la première étape pour lui opposer une stratégie efficace », a-t-il martelé, soulignant que le conflit avec le M23 et ses soutiens rwandais ne se limite pas aux champs de bataille. Cette offensive médiatique systématique, qualifiée sans ambages de « poison rwandais », vise à saper le moral des populations et à déstabiliser le processus de paix en RDC.
Comment contrer ce déluge ? La réponse du gouvernement tient en une stratégie médiatique à trois piliers. Premièrement, la mobilisation citoyenne : « Il faut dire aux Congolais de soutenir nos militaires et de relayer l’information juste en temps réel ». Deuxièmement, l’engagement des professionnels des médias, que le ministre a chaleureusement remerciés pour leur rôle de sentinelle. Troisièmement, des actions cinglantes comme les récentes sanctions contre Apple, présentées comme un modèle de contre-offensive combinant leviers judiciaires, économiques et communicationnels.
Cette bataille narrative s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe. Muyaya n’a pas éludé les racines profondes du conflit à l’Est, évoquant les accords de Washington et de Doha comme cadres fragiles d’une paix encore incertaine. La jeunesse congolaise, cible privilégiée de la désinformation, est désignée comme actrice clé de cette résistance cognitive. « L’appropriation du narratif congolais par notre jeunesse est la clé d’une paix durable », a-t-il insisté, faisant des amphithéâtres universitaires de nouveaux fronts dans cette guerre asymétrique.
Derrière les analyses se profile un constat implacable : dans ce conflit RDC-Rwanda, les tweets tuent autant que les balles. La stratégie médiatique déployée apparaît dès lors comme un vaccin contre un venin propagé à grande échelle. Mais l’efficacité de cette riposte dépendra de sa pérennité. Alors que les étudiants de l’UNIKIN interrogeaient le ministre sur la suite des opérations, une question sous-jacente persistait : cette mobilisation des consciences survivra-t-elle aux urgences immédiates pour s’inscrire dans la construction d’un État résilient ? Le défi dépasse la simple communication – il touche à l’âme même de la nation congolaise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Eventsrdc