Une vive tension secoue la frontière entre les territoires de Manono (Tanganyika) et Malemba Nkulu (Haut-Lomami). Au cœur de ce conflit minier en RDC : une carrière riche en cassitérite et coltan, découverte le 14 juillet dernier. Cette précieuse ressource, située à la limite des deux provinces, a immédiatement déclenché une bataille de souveraineté entre entités traditionnelles rivales.
D’un côté, la chefferie Museka de Malemba Nkulu, soutenue par l’entreprise Crown Mining. De l’autre, la chefferie Kiluba de Manono, qui revendique des droits historiques sur le site. Comment une simple découverte géologique peut-elle menacer la stabilité régionale ? La réponse est venue le 19 juillet, lorsque des éléments des FARDC originaires de Malemba Nkulu ont fait irruption dans le village de Mulenda.
Selon le chef Kiluba Pierre Kyamusala Kayombo, des coups de feu ont été tirés en pleine agglomération. Des civils ont été arbitrairement interpellés lors de cette incursion des FARDC à Mulenda, créant un climat de terreur parmi les populations. Cette escalade armée transforme une dispute territoriale en crise sécuritaire aiguë dans le Tanganyika.
Les conséquences dépassent largement le cadre minier. Les activités économiques locales sont paralysées, tandis que la cohésion entre communautés frontalières se fissure. La carrière de cassitérite et coltan, potentielle source de prospérité, devient ainsi un foyer de violence. Des questions urgentes se posent : Qui coordonne cette opération militaire ? Pourquoi cibler des civils dans une zone déjà fragilisée ?
Face à cette tension entre Manono et Malemba Nkulu, le chef Kyamusala lance un appel désespéré aux autorités provinciales du Tanganyika. Il exige une intervention immédiate pour sécuriser les villages et prévenir un conflit ouvert. La situation rappelle tragiquement d’autres crises minières en RDC où la convoitise des ressources a dégénéré en violence généralisée.
L’incident de Mulenda illustre les failles persistantes dans la gouvernance des zones minières artisanales. L’absence de cadastre clair et la superposition des revendications traditionnelles créent un terreau propice aux abus. Cette crise sécurité au Tanganyika pourrait-elle s’étendre à d’autres territoires riches en minerais ? Les observateurs redoutent un embrasement régional si aucune médiation n’intervient rapidement.
Alors que la demande mondiale en minerais stratégiques explose, la pression sur ces gisements congolais s’intensifie. Le cas de cette carrière disputée devient un test crucial pour la capacité de l’État à réguler le secteur minier artisanal. Sans réponse institutionnelle ferme, le scénario d’une militarisation durable des sites d’extraction semble hélas plausible.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net