La République Démocratique du Congo passe à la vitesse supérieure dans sa bataille pour l’autosuffisance alimentaire. Sous le haut patronage du Président Félix-Antoine Tshisekedi, le ministre de l’Agriculture Grégoire Muthsail Mutomb lance ce lundi 21 juillet 2025 les Journées Agropoles au Sultani River Hôtel de Kinshasa. Un événement stratégique qui s’étendra jusqu’au 24 juillet et mobilise l’ensemble des acteurs du secteur.
Quel défi entend relever cette initiative ? Rien de moins que transformer radicalement l’agriculture congolaise, alors que 24 millions de citoyens souffrent encore d’insécurité alimentaire selon les derniers rapports de la FAO. Les agropoles, ces pôles intégrés combinant production, transformation et commercialisation, constituent le fer de lance de cette offensive gouvernementale. « Ces plateformes territoriales sont les moteurs indispensables de notre souveraineté alimentaire », explique un collaborateur du ministère.
Concrètement, comment fonctionnera ce dispositif ? Chaque agropole concentrera sur un périmètre dédié les intrants agricoles, les unités de transformation et les circuits logistiques. Une approche intégrée qui tranche avec le morcellement actuel des exploitations. L’objectif affiché : réduire de 40% les pertes post-récolte – qui frôlent aujourd’hui 1,5 million de tonnes annuelles – et doper la valeur ajoutée locale. Le maïs, le manioc et l’huile de palme figurent parmi les filières prioritaires.
Le Fond Social de la RDC apporte son soutien technique et financier à l’opération, révélant l’urgence économique sous-jacente. Avec un déficit commercial agricole avoisinant 1,5 milliard USD selon la Banque Centrale, l’importation de denrées de base pèse lourdement sur la balance des paiements. « Les agropoles peuvent inverser cette dynamique en cinq ans », estime un expert économique présent aux ateliers.
Les journées de Ngaliema s’articulent autour de quatre axes cruciaux :
- La cartographie des bassins de production stratégiques
- La mutualisation des infrastructures de transformation
- L’accès au crédit pour les coopératives agricoles
- La connexion aux marchés urbains en expansion
La participation populaire constitue le pivot inédit de cette édition. Des ateliers pratiques cibleront spécifiquement les jeunes et les femmes ruraux, catégories représentant près de 70% de la main-d’œuvre agricole. « Sans appropriation citoyenne, même la meilleure stratégie reste lettre morte », souligne un organisateur.
Quel impact concret attendre ? Le ministère table sur un bond de 25% de la productivité céréalière dans les zones pilotes d’ici 2027. Un chiffre ambitieux mais crucial pour atteindre l’objectif présidentiel : réduire de moitié la dépendance aux importations de riz et de blé d’ici la fin du décennie. La réussite de ces pôles agro-pastoraux déterminera si la RDC peut enfin activer son potentiel de grenier de l’Afrique centrale.
Alors que les premiers échanges démarrent ce matin à Kinshasa, un enjeu transversal domine les discussions : la durabilité écologique. Comment conciler intensification agricole et préservation des écosystèmes ? La réponse à cette équation complexe pourrait faire des agropoles congolaises un modèle ou un avertissement pour toute la région.
Article Ecrit par Amissi G
Source: mediacongo.net