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Starlink Direct to Cell : La RDC connectée depuis l’espace dès 2025?

Starlink, la filiale Internet par satellite de SpaceX d’Elon Musk, déploie une nouvelle technologie appelée Direct-to-Cell (DTC), qui permet de connecter directement un téléphone mobile standard à un satellite. Concrètement, même hors de portée d’une tour cellulaire terrestre, un téléphone 4G peut envoyer et recevoir des SMS, des appels et des données grâce à la constellation Starlink. Selon Starlink, ces satellites spéciaux offriront un « accès ubiquitaire » aux services mobiles (textos, voix, données) partout où l’on voit le ciel. En d’autres termes, chaque satellite DTC fonctionne comme une antenne-relais dans l’espace, éliminant quasi-totalement les zones blanches. Cette avancée pourrait bouleverser l’accès au réseau mobile dans les zones rurales et isolées de la RDC comme ailleurs.

Photo: antenne-relais de téléphonie mobile classique en campagne. Avec la technologie Direct-to-Cell, Starlink veut réaliser la même fonction sans infrastructure terrestre supplémentaire.
Chaque satellite Direct-to-Cell embarque en effet un modem cellulaire avancé (eNodeB) qui agit comme une station de base mobile spatiale. Les signaux reçus des téléphones au sol sont relayés par laser vers le réseau principal Starlink, puis transmis aux opérateurs mobiles partenaires comme s’il s’agissait d’un simple relais classique. Mieux : cette liaison utilise les standards LTE existants (bandes 4G) et ne requiert aucune modification du téléphone ni d’application spéciale. Votre smartphone continue d’envoyer des données sur les fréquences 1,6–2,7 GHz habituelles ; c’est le satellite qui fait le pont jusqu’au réseau filaire sur Terre.

Photo: pile de satellites Starlink, dont l’un est équipé du modem Direct-to-Cell (© SpaceX). Ces engins volent à quelques centaines de kilomètres d’altitude pour relayer directement les communications mobiles.
Sur le plan technique, le défi est de taille. Un satellite Starlink DTC se déplace très vite (plusieurs km/s) à seulement quelques centaines de km d’altitude, ce qui engendre un fort décalage Doppler et des problèmes de couverture. Pour y parvenir, SpaceX a dû innover : elle a développé de nouvelles antennes à commande de phase (phased-array), des puces personnalisées et des algorithmes sophistiqués pour orienter précisément les faisceaux radio vers les téléphones mobiles. Ces satellites balaient le ciel et ajustent leurs antennes en continu, de sorte que même en mouvement, ils puissent concentrer le signal sur un village ou une route isolée. Le résultat est un lien presque équivalent à celui d’une tour terrestre – avec le recul que le satellite suit le mobile dans le ciel.

Implications techniques et économiques

Cette capacité de suppression des zones blanches a plusieurs retombées majeures. D’un point de vue technique, elle étend le réseau à des régions dépourvues d’infrastructures. Contrairement aux antennes terrestres, les satellites Starlink n’ont pas besoin d’électricité locale fiable ni de liaisons terrestres coûteuses pour le trafic de données. Ils peuvent couvrir des lacs, des montagnes ou la mer – là où un opérateur cellulaire n’installerait jamais de mât. Les opérateurs mobiles peuvent s’appuyer sur Starlink DTC comme sur un « partenaire en itinérance » global, sans devoir construire 2 000 tours solaires pour desservir la RDC rurale.

Du point de vue économique, ce service peut réduire le coût marginal de la couverture. En Afrique, bâtir et alimenter une antenne rurale coûte 35–40 % plus cher qu’en ville. En République démocratique du Congo (RDC), où plus de 32 % des antennes sont hors réseau électrique, chaque tour déployée représente un investissement lourd. Direct-to-Cell offrera une alternative payante : pour un pays aussi vaste que la RDC, chaque satellite peut couvrir un bassin de population autrement injoignable, sans investissement local lourd. En complétant les réseaux existants, Starlink peut ainsi réduire la fracture numérique. Des études montrent que la RDC accuse un des plus forts écarts de connectivité rural/urbain d’Afrique (seulement 16 % des ruraux sont en 4G contre 40 % en ville). Offrir un réseau mobile par satellite c’est permettre l’essor du e-commerce, de l’administration en ligne, ou du mobile money dans les villages.

Disponibilité mondiale : où et quand?

Selon les annonces officielles de SpaceX/Starlink, la messagerie texte par satellite est déjà lancée dans quelques pays. Un communiqué récent indique que le service Direct-to-Cell est « commercialement disponible » aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande, assurant le transfert de SMS sur réseau LTE 4G. Ces lancements suivent une année de tests : plus de 400 satellites DTC ont été mis en orbite fin 2024, et des millions de messages ont déjà transité via ce réseau pendant les phases bêta.

SpaceX planifie de multiplier les partenariats avec des opérateurs locaux dans les prochains mois : elle teste actuellement le DTC avec des réseaux en Australie, au Canada, au Chili et au Japon, et envisage des lancements commerciaux en 2025 avec l’Australie, l’Ukraine, le Canada, la Suisse, le Chili, le Pérou et le Japon. On se rappellera aussi le partenariat que nous vous avions annoncé entre Starlink et Airtel africa, partenariat qui a probablement comme finalité la mise en place du Starlink DTC avec airtel en afrique.

Avantages pour la RDC : inclusion numérique, éducation, santé, rural

La généralisation de Direct-to-Cell pourrait avoir un impact énorme en RDC. D’abord, l’inclusion numérique : selon l’UIT, seulement 30 % des Congolais avaient accès à Internet en 2023, soit un des taux les plus faibles au monde. Plus de 20 millions de Congolais (≈65 % de la population) restent sans connexion régulière. L’Internet par satellite sur mobile leur ouvrirait un accès aux informations de base. Par exemple, en zones rurales isolées, les élèves pourraient suivre des cours en ligne et les hôpitaux de brousse assurer des téléconsultations. Un article congolais souligne que l’enseignement à distance et la télémédecine sont des avantages clés d’un meilleur Internet. En effet, lorsqu’en 2024 Starlink a déployé le DTC au Zimbabwe voisin, des équipes locales l’ont immédiatement utilisé pour la santé : un patient d’un village a pu dialoguer en vidéo avec un spécialiste à Harare, avec une qualité presque “en face à face”, ce qui était impossible auparavant.

Ensuite, la santé : dans des régions où un docteur est à des heures de route, des diagnostics à distance via un simple smartphone pourraient sauver des vies. Les alertes d’urgence (alertes cyclones, épidémies) pourraient aussi être diffusées par satellite à tous les téléphones, comme cela a été fait en 2022 pour des ouragans aux États-Unis.

Enfin, le développement rural et social : la connexion mobile booste l’économie locale. Au Congo, le mobile-money existe déjà en ville ; étendre le réseau aux campagnes signifierait que les paysans puissent utiliser l’épargne et le crédit mobile. Comme le note un expert africain, les zones rurales représentent un « fort potentiel » pour les services numériques, et le succès du mobile banking est la preuve que la population rurale adopte le numérique quand on lui en donne les moyens. En facilitant l’accès à l’information et aux services (banque, agriculture connectée, météo, marché en ligne), Starlink DTC pourrait accroître la productivité agricole et l’inclusion financière des communautés enclavées.

En somme, la technologie Starlink Direct-to-Cell promet de réduire considérablement la fracture numérique de la RDC, en apportant le réseau là où les antennes terrestres n’arrivent pas. Son succès dépendra toutefois de l’accès aux smartphones 4G, de l’adoption des opérateurs locaux (Vodacom, Airtel, Orange, etc.) et des coûts. Néanmoins, après l’obtention de la licence en mai 2025, il semble que l’ère des « tours cellulaires spatiales » soit sur le point de commencer au Congo.

Sources : Starlink/SpaceX (site officiel Direct-to-Cell et communiqué de février 2025); NASASpaceFlight – SpaceX to begin beta testing Direct-to-Cell (janv. 2025); Reuters (article “Congo grants licence to Starlink”, 2 mai 2025); TechAfrica News (“Starlink Secures License to Operate in DRC”, 5 mai 2025); Africa Solutions Media Hub (“Giant, rival telcos join forces to battle Starlink in rural Africa”, janv. 2025); blog NosVoixComptent (8 fév. 2024); 360Mozambique (“Satellite Phones Finally Reach Rural African Towns”, 25 juin 2025).

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Amissi G
Amissi G
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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