Gaborone vibrait d’une émotion particulière ce jeudi 17 juillet lorsqu’un vélo poussiéreux a franchi les limites de la capitale botswanaise. À sa selle, Miguel Masaisai, cycliste congolais de 23 ans, venait de boucler l’étape la plus symbolique de son incroyable odyssée : 60 jours de pédalage intense depuis Goma, traversant jungles et savanes avec une détermination d’acier. Qui aurait cru qu’un simple deux-roues pourrait porter un rêve aussi colossal que la paix continentale ?
L’accueil fut digne d’un chef d’État. Emilie Mushobekwa, ambassadrice de la RDC au Botswana, l’a enveloppé dans une étreinte chargée de fierté nationale. « Tu incarnes l’Afrique qui avance, celle qui refuse les frontières de la haine », a-t-elle lancé devant les caméras, les yeux brillants d’une lueur complice. Dans ce moment suspendu, on devinait toute la puissance du message porté par ce jeune homme : chaque coup de pédale, une déclaration de guerre contre les divisions.
Car le périple de Miguel Masaisai, baptisé « Pedals for Peace », n’est pas une simple randonnée. C’est un manifeste roulant contre les conflits qui déchirent l’Est du Congo. « Je suis parti avec un rêve trop grand. Un rêve qui s’appelle PAIX. Une paix pour Goma. Pour l’Est du Congo. Pour l’Afrique », confiait-il d’une voix rauque après sa première journée de route. Deux mois plus tard, son corps sculpté par l’effort est devenu une carte vivante de la résilience africaine.
La suite ? Cap sur Cape Town ! Le voyage vélo Afrique doit encore parcourir 5000 kilomètres à travers six nations. Huit pays au total pour ce marathon solitaire où chaque relief franchi est une métaphore des obstacles à la réconciliation. Saviez-vous que son trajet épouse les anciennes routes coloniales ? Un symbole fort pour celui qui veut paix en Afrique par l’unité des peuples.
Dans son sac, pas de gadget high-tech. Juste l’essentiel : des pièces de rechange, une carte froissée, et des dizaines de témoignages recueillis dans les villages traversés. « Quand des enfants courent à côté de mon vélo en criant ‘Papa Paix’, je sais pourquoi je souffre dans les côtes », sourit-il. Son aventure dépasse déjà le cadre sportif : une génération entière voit en lui le visage audacieux de la jeunesse congolaise.
Alors que l’Afrique retient son souffle, Miguel Masaisai reprendra bientôt la route. Prochaine étape : franchir le désert du Kalahari. Un défi technique et mental, mais quelle importance quand on transporte l’espoir d’un continent ? Son vélo est désormais une ambassade roulante, chaque rotation de roue scande un même mantra : l’unité vaincra la fragmentation. Et si la solution aux conflits africains se trouvait… sur une selle ?
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net