Dans une missive aussi cinglante que documentée, Gédé Luiz Kupa, vétéran du journalisme sportif congolais, adresse un réquisitoire implacable au Président Félix Tshisekedi. Le cœur de sa critique ? Ces partenariats RDC-clubs européens présentés comme vitrines de prestige mais qualifiés de « contrats ruineux » avec l’AS Monaco, l’AC Milan et le FC Barcelone. Une initiative qui, selon lui, transforme la nation en risée internationale tandis que les priorités fondamentales du pays restent lettre morte.
Comment comprendre, interroge-t-il avec une ironie mordante, qu’un pays classé parmi les plus pauvres au monde puisse dilapider des millions dans des opérations de communication tapageuses ? Le paradoxe est saisissant : d’un côté, les louables efforts diplomatiques pour pacifier l’Est du pays, salués jusqu’aux plus hautes instances internationales ; de l’autre, cette fuite en avant dans un financement sport Congo déconnecté des réalités. « Les Français, Italiens et Espagnols se moquent de nous », assène-t-il, soulignant l’amère ironie d’imiter ceux qui « ont bâti leur pays en pillant nos ressources ».
La charge de Kupa va bien au-delà d’une simple critique comptable. Elle frappe au cœur du système. Où sont les infrastructures pour la jeunesse congolaise ? Pourquoi aucun stade moderne ne répond aux standards internationaux ? Comment expliquer que le championnat national végète dans l’indigence ? Autant de questions rhétoriques qui pointent l’absurdité de ces partenariats conclus sans base sportive locale viable. Le journaliste rappelle avec amertume les États généraux des sports de 2022, financés par l’État mais dont les résolutions dorment dans les tiroirs. « Il suffirait d’en appliquer les conclusions », soupire-t-il, dénonçant au passage les conseillers qui « induisent en erreur » le chef de l’État.
La lettre ouverte Gédé Luiz Kupa dépeint une véritable trahison des élites. Ces ministres « flatteurs », prévient-il, ont vénéré Mobutu et les Kabila avant de se rallier à Tshisekedi – et seront prêts à le lâcher demain. Leur crime ? Avoir transformé le sport en terrain de jeu politique plutôt qu’en levier de développement. « Ils travaillent pour leurs intérêts, pas ceux de la nation », tonne le journaliste, avertissant que l’image présidentielle paie déjà le prix de ces choix controversés.
En filigrane, c’est toute la politique sportive Tshisekedi qui se trouve mise à nu. Kupa y voit un symbole d’une gouvernance à deux vitesses : capable de mobiliser des fonds colossaux pour séduire l’étranger, mais incapable d’offrir l’eau potable ou l’électricité à sa population. Son appel final résonne comme un ultimatum : réorienter d’urgence ces capitaux vers des infrastructures locales plutôt que de remplir les caisses de clubs européens déjà nantis. La crédibilité même de la transition pacifique en cours, suggère-t-il, se joue aussi dans ces arbitrages budgétaires.
Alors que la RDC cherche sa place sur l’échiquier mondial, cette missive pose une question fondamentale : le sport doit-il être un instrument de souveraineté ou de soumission économique ? La balle, désormais, est dans le camp présidentiel. Geste d’apaisement ou poursuite d’une politique décriée ? La réponse dessinera le visage d’une nation tiraillée entre ses ambitions et ses urgences.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Eventsrdc
