Dans un message publié dimanche sur le réseau social X, le président camerounais Paul Biya, âgé de 92 ans, a officiellement annoncé sa candidature à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Cette décision marque le début d’une campagne pour un huitième septennat, après quarante-trois années de pouvoir ininterrompu. « Je suis candidat », a déclaré le chef de l’État, ajoutant que sa détermination à servir le peuple était « à la mesure de l’acuité des défis auxquels nous sommes confrontés ».
Cette annonce survient dans un contexte politique tendu. Le camp présidentiel a récemment enregistré des défections notables, avec les candidatures d’Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maïgari, pourtant membres du gouvernement et soutiens historiques de Paul Biya. Ces dissensions illustrent les fractures au sein de l’élite dirigeante à l’approche du scrutin. Parallèlement, l’opposition camerounaise, traditionnellement fragmentée, tente difficilement de s’unir. Des discussions sont en cours entre plusieurs figures, dont Maurice Kamto – arrivé deuxième en 2018 – et Cabral Libii, en vue d’une candidature commune. Toutefois, les rivalités persistantes freinent tout consensus solide.
L’économie Cameroun constitue l’un des principaux défis du prochain mandat. Le pays traverse une crise socio-économique aiguë, caractérisée par un chômage massif touchant 74% des jeunes selon Gabriel Fandja, président de la commission de l’Éducation à l’Assemblée nationale. L’inflation, évaluée à 5% en 2024, érode continuellement le pouvoir d’achat. Sur les réseaux sociaux et dans les médias, les Camerounais dénoncent la cherté de la vie, la précarité généralisée et l’accès défaillant aux services essentiels comme l’eau potable ou les soins de santé. Ces frustrations, exprimées ouvertement, révèlent un malaise profond qui pourrait influencer l’élection présidentielle Cameroun 2025.
La crise anglophone Cameroun demeure une épine sécuritaire majeure. Depuis 2016, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont en proie à des violences entre groupes séparatistes et forces gouvernementales. Ce conflit a déjà perturbé le scrutin de 2018, entraînant un taux de participation dérisoire dans ces zones en raison des déplacements massifs de population. Aujourd’hui encore, le climat d’instabilité persiste, soulevant des inquiétudes quant à la tenue équitable du vote. Comment garantir une participation démocratique dans un environnement où la sécurité des électeurs n’est pas assurée ?
La candidature huitième mandat de Paul Biya pose inévitablement la question de la longévité politique face aux urgences nationales. À près d’un siècle d’existence, le président devra convaincre une jeunesse en détresse et des populations épuisées par les conflits. Les observateurs s’interrogent : cette élection marquera-t-elle une continuité ou l’amorce d’une transition tant réclamée ? Le Cameroun se trouve à un carrefour déterminant, où les enjeux sécuritaires, économiques et générationnels s’entremêlent dangereusement. La capacité des acteurs politiques à répondre à ces défis conditionnera la stabilité future de cette nation d’Afrique centrale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
