Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, devient l’épicentre d’une coopération économique ambitieuse entre la République Démocratique du Congo et l’Ouganda. Vendredi 11 juillet, le gouverneur provincial a officiellement lancé un projet transfrontalier financé à hauteur de 25 millions de dollars par l’Union européenne. D’une durée triennale, ce programme cible spécifiquement les zones frontalières des territoires de Djugu, Aru, Mahagi et Irumu, où des délégations locales ont activement participé à sa présentation.
Ce financement UE infrastructures constitue une bouffée d’oxygène pour une région où le déficit en équipements structurants entrave le développement. Manacée Assama, représentant de l’ONG Trade Mark, souligne l’urgence de la situation : « La RDC a rejoint la Communauté des États de l’Afrique de l’Est, mais des défis majeurs subsistent, notamment le manque criant d’infrastructures aux postes frontaliers et les problèmes logistiques ». Le projet prévoit ainsi la construction d’ouvrages stratégiques pour fluidifier le commerce frontalier Bunia, tout en apportant un appui technique aux services étatiques des deux côtés de la frontière.
L’ambition affichée dépasse la simple construction routière. Comment transformer cette manne financière en levier de croissance économique frontalière ? Le programme mise sur deux axes complémentaires : faciliter la libre circulation des personnes et des biens, et structurer le secteur informel qui représente près de 70% des échanges transfrontaliers selon les experts locaux. Richard Mambi, administrateur du territoire d’Aru, se réjouit de cette approche : « Les petits commerçants pourront se regrouper et bénéficier d’avantages fiscaux en traversant légalement la frontière. Ce mécanisme luttera contre la fraude tout en renflouant les caisses de l’État ».
Cette coopération économique Ituri suscite cependant des interrogations sur sa gouvernance. Le député provincial Pascal Kavarios a salué la création d’un comité de pilotage, tout en insistant sur la nécessité d’une transparence absolue dans la gestion des fonds : « Les retombées doivent impérativement profiter aux populations, gage de durabilité pour ce partenariat ». L’enjeu est de taille : selon les projections, une formalisation accrue des échanges pourrait augmenter de 40% les recettes douanières congolaises dans ces zones.
Ce projet transfrontalier RDC-Ouganda s’inscrit dans une dynamique régionale plus large, alors que la RDC a récemment intégré la Communauté Est-Africaine. Véritable colonne vertébrale économique pour l’Ituri, il pourrait catalyser des investissements privés et réduire l’asymétrie commerciale entre les deux nations. Reste à savoir si ces 25 millions de dollars constitueront le socle d’une intégration économique pérenne ou s’ils se heurteront aux réalités sécuritaires et logistiques du terrain. La réponse se construira pas à pas, au rythme des chantiers qui démarrent ces prochaines semaines.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net