Le Chef de l’État congolais, Félix-Antoine Tshisekedi, a tiré la sonnette d’alarme lors du 51e Conseil des ministres : la participation de l’État congolais dans les entreprises d’économie mixte s’est transformée en mirage économique. Dans un diagnostic sans concession, le président a révélé que cette présence étatique, censée être un moteur de développement, n’est plus que nominale dans de nombreuses sociétés. Cette marginalisation des intérêts publics représenterait un trou béant dans les recettes publiques RDC, compromettant à la fois la souveraineté économique et les ambitions de justice fiscale.
Comment ce désengagement institutionnel a-t-il pu s’installer ? Les analyses pointent une gouvernance défaillante où les mandataires publics sont progressivement écartés des processus décisionnels. Résultat : selon le constat présidentiel, cette situation « entraîne un manque à gagner significatif pour le Trésor public » et constitue « un frein à l’ambition de développement inclusif ». Une réalité d’autant plus paradoxale que ces entreprises économie mixte RDC devraient théoriquement constituer un levier majeur de croissance nationale.
Face à cette urgence, le Président Tshisekedi a ordonné une refonte complète du système. Quatre actions prioritaires ont été détaillées avec précision :
Premièrement, un recensement exhaustif et une cartographie dynamique du portefeuille État entreprises seront établis. Ce registre actualisé inclura l’ensemble des participations étatiques, même minoritaires, avec un suivi rigoureux de la composition actionnariale et des performances économiques. Une mesure essentielle pour briser l’opacité actuelle.
Deuxièmement, la présence effective des représentants de l’État dans toutes les instances de gouvernance deviendra obligatoire. Il ne s’agit plus d’une simple formalité, mais d’une implication active dans les décisions stratégiques, les contrôles budgétaires et l’évaluation des résultats. La participation État congolais doit cesser d’être décorative pour devenir opérationnelle.
Troisièmement, le respect strict des droits patrimoniaux sera imposé : accès aux états financiers certifiés, tenue régulière des conseils d’administration, et application systématique des recommandations d’audit. Cette transparence renforcée vise à restaurer la crédibilité institutionnelle.
Quatrièmement, un mécanisme automatisé garantira la perception et le reversement intégral des dividendes dus au Trésor public. Cette traçabilité financière répond à un impératif de justice fiscale et de mobilisation des ressources internes.
Cette intervention présidentielle s’inscrit dans le prolongement des États généraux du Portefeuille tenus à Kinshasa en décembre 2024, dont le thème ambitieux – « Faire des entreprises du Portefeuille un puissant levier de croissance » – semble trouver aujourd’hui une traduction concrète. Sept mois après ce forum, la feuille de route de Félix Tshisekedi économie apparaît comme un test crucial pour transformer ces sociétés en véritables acteurs du développement inclusif.
L’enjeu dépasse la simple rationalisation administrative. Comme l’a souligné le Chef de l’État, il s’agit ni plus ni moins de « restaurer l’autorité économique de l’État » et d’« impulser une croissance durable ». La réussite de cette réforme déterminera si les entreprises à participation publique pourront enfin contribuer à l’industrialisation du pays et au financement des priorités sociales. Le pari est audacieux, mais le statu quo serait, économiquement parlant, un suicide à crédit.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd