La signature de l’accord de paix entre la RDC et le Rwanda le 27 juin dernier à Washington suscite des réactions en demi-teinte dans l’échiquier politique congolais. Plusieurs forces politiques et sociales ont qualifié vendredi ce texte de « partiel » et « insuffisant », soulignant avec une ironie mordante que réduire la crise à un conflit bilatéral reviendrait à « soigner une plaie gangrénée avec un sparadrap ».
Dans une déclaration commune, ces acteurs reconnaissent certes les efforts de facilitation américains, mais dénoncent une approche myope occultant « l’implication pourtant avérée d’autres acteurs régionaux ». Un diagnostic sans concession qui interroge : comment garantir une paix durable dans la région quand le remède ignore les métastases du mal ?
Le cœur de leur critique frappe plus profond : « Les causes profondes de la crise congolaise sont principalement internes », assènent-ils, énumérant un catalogue accablant : « recul de la démocratie, exercice du pouvoir dictatorial, violations constitutionnelles récurrentes, tribalisme et détournements massifs ». Un constat qui transforme l’accord de paix en simple cautère sur une jambe de bois, tant que ces « causes endogènes » persisteront.
Face à ce qu’ils nomment un « mirage » de paix, les signataires plaident pour un « dialogue sincère entre Congolais » sous médiation ecclésiastique (CENCO/ECC). Ils vantent ce cadre comme « représentatif » et « sans tabous », seul capable selon eux de restaurer l’État de droit. Mais là encore, le bât blesse : ils accusent le pouvoir de « torpiller » le processus par des manœuvres subtiles visant à contrôler facilitateurs et agenda.
La charge se fait plus acerbe encore contre un prétendu « dialogue faire-valoir » qui ne servirait qu’à relancer le « projet mort-né d’un Gouvernement d’Union Nationale ». Une manœuvre, selon eux, destinée à « se garantir une issue favorable à ses intérêts ». La gouvernance de la RDC est ici clouée au pilori comme source première de la paralysie nationale, le pouvoir actuel étant jugé « illégitime » et « partie au problème » donc inapte à le résoudre.
L’avertissement final fuse, teinté d’une prophétie menaçante : « Si, après avoir allumé l’incendie, il empêche les pompiers d’intervenir, le jugement de l’histoire sera impitoyable ». Une sentence historique qui résonne comme un ultimatum face à des pratiques de « stigmatisation et d’exclusion » croissantes.
Parmi les signataires de cette charge cinglante figurent d’éminentes figures comme Olivier Kamitatu (Ensemble pour la République), Franck Diongo (MRC) ou Jean-Jacques Lumumba (Société Civile), formant une coalition hétéroclite mais unie dans son diagnostic. Leur appel sonne comme un réquisitoire contre une approche sécuritaire jugée superficielle, et un plaidoyer pour une refonte en profondeur de la gouvernance congolaise. Reste à savoir si Kinshasa entendra ce cri d’alarme ou persistera dans ce qu’ils nomment « l’erreur ».
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd