La Synergie des organisations de la société civile de la Tshopo a déclenché une alerte majeure concernant la spoliation systématique du patrimoine immobilier étatique dans cette province de la République Démocratique du Congo. Selon un mémorandum officiel adressé à la Première ministre le 2 juillet dernier, des réseaux mafieux structurés opéreraient avec la complicité présumée de services étatiques et de membres de l’appareil judiciaire. Ce document, dont Radio Okapi a obtenu copie, détaille un système organisé de prédation des biens publics.
Les mécanismes de fraude immobilière dénoncés incluent notamment la falsification de documents officiels, la création de faux propriétaires fantômes, l’obtention de jugements de complaisance auprès de certaines juridictions locales, ainsi que la vente illicite de propriétés appartenant à la nation. Comment de tels schémas ont-ils pu se développer sous le regard des institutions censées les prévenir ? Des biens stratégiques comme le palais de justice de Kisangani, des parcelles de la 31e région militaire et les bureaux des services de renseignements de la police figurent parmi les cibles identifiées de ces opérations de spoliation.
Les organisations de la société civile pointent du doigt les services des affaires foncières, de l’urbanisme et de l’habitat, accusés de constituer le cœur opérationnel de ce système de dilapidation du patrimoine étatique. Cette situation alarmante conduirait selon elles à un transfert progressif mais massif de propriétés publiques vers des intérêts privés, équivalant à une saignée des ressources nationales. Jusqu’où ira cette hémorragie du domaine public si aucune mesure ferme n’est prise ?
Face à cette corruption qui gangrène la gestion du foncier, la société civile de la Tshopo formule des recommandations précises : établissement d’une commission nationale d’enquête indépendante, inventaire exhaustif des biens spoliés, annulation des titres fonciers frauduleusement obtenus, restitution immédiate des propriétés à l’État, et poursuites judiciaires contre tous les auteurs et complices identifiés. Ces mesures apparaissent comme le strict minimum pour enrayer l’érosion du patrimoine collectif.
Dans leur appel solennel, les signataires mettent en garde contre les conséquences d’une inaction gouvernementale, estimant que le silence équivaudrait à une complicité tacite avec ces réseaux prédateurs. La balle est désormais dans le camp des autorités congolaises : sauront-elles réagir avec la célérité et la fermeté que requiert cette grave atteinte aux biens de la nation ? L’intégrité du patrimoine immobilier public dans la Tshopo, et par extension dans toute la RDC, se joue aujourd’hui sur la capacité de l’État à traduire en actes concrets ces dénonciations.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net