À la veille du deuxième anniversaire de la mort tragique de Chérubin Okende, ancien ministre des Transports et député national, sa fille Frida Okende a solennellement interpellé le chef de l’État dans une missive poignante. Cette démarche intervient alors que les circonstances de la disparition du cadre d’opposition, retrouvé criblé de balles dans son véhicule à Gombe le 13 juillet 2023, continuent de susciter de vives interrogations.
Dans cette correspondance antidatée adressée au président Félix Tshisekedi, la jeune femme exprime avec une gravité mesurée le « traumatisme indélébile » qui frappe sa famille. Elle conteste frontalement les conclusions judiciaires ayant qualifié le décès de suicide politique en RDC, soulignant des « incohérences majeures » et des « zones d’ombre persistantes ».
« Nous avons accueilli cette conclusion avec une profonde consternation. Aucun élément tangible ne permettait de confirmer cette hypothèse avec certitude »
Frida Okende déplore un « sentiment d’abandon » face au « silence de l’État » après la disparition d’un « serviteur de la République ». Son plaidoyer s’appuie sur une argumentation précise : la présence de la ceinture de sécurité toujours bouclée, la position du corps, et les vêtements ensanglantés contredisent, selon elle, le scénario officiel. Ces éléments de l’affaire Chérubin Okende n’auraient pas reçu l’examen approfondi requis par la gravité des faits.
La requête s’ancre dans une démarche juridique claire : la famille sollicite la réouverture du dossier sous l’égide de la haute autorité présidentielle. « Je sollicite humblement votre haute autorité pour que ce dossier puisse faire l’objet d’un regard nouveau, impartial et humain », insiste-t-elle, invoquant les principes constitutionnels et la préservation de la dignité de la justice congolaise.
Ce cri du cœur intervient dans un contexte judiciaire particulier. Rappelons que l’enquête initiale avait conduit à l’arrestation controversée de Modero Nsimba, ancien ministre du Tourisme, inculpé pour « propagation de faux bruits » après la diffusion d’un enregistrement audio impliquant des proches du pouvoir. Bien que libéré en août 2024, son cas illustre les tensions persistantes autour de cette affaire.
La lettre soulève des questions fondamentales sur le fonctionnement des institutions judiciaires congolaises. Comment expliquer que les témoignages et éléments matériels n’aient pas conduit à des investigations plus poussées ? La requête de Frida Okende met en lumière l’exigence de transparence qui devrait entourer le décès d’une figure politique de premier plan.
Alors que la République Démocratique du Congo s’apprête à commémorer ce douloureux anniversaire, l’appel de la fille du défunt constitue un test pour les autorités. La réponse présidentielle à cette demande de révision conditionnera la perception de l’équité du système judiciaire. Les prochaines semaines détermineront si la lumière pourra enfin être faite sur les circonstances exactes de la mort de Chérubin Okende, conformément aux exigences de vérité et de justice invoquées dans la missive.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
