Quel rôle joue vraiment l’École nationale d’administration dans la construction d’une administration congolaise performante ? La réponse est venue, chiffres à l’appui, lors des célébrations du 10e anniversaire de cette institution clé. Dans la salle bleue de l’Hôtel du Gouvernement à Kinshasa, le directeur général Muke Tombola a dévoilé un bilan impressionnant : 743 lauréats mis à disposition de l’État congolais depuis la création de l’ENA.
Ces diplômés en administration publique, formés aux exigences du service de la nation, constituent aujourd’hui l’épine dorsale de nombreux secteurs gouvernementaux. « Ils sont très appréciés et contribuent à la transformation de l’appareil administratif », a affirmé Muke Tombola devant un parterre d’officiels. Un constat qui soulève une question essentielle : comment cette promotion systématique de l’excellence change-t-elle concrètement les services publics congolais ?
Le vice-Premier ministre Jean-Pierre Lihau, chargé de la Fonction publique, a apporté sa pierre à l’édifice en saluant cette « compétence républicaine ». « En dix ans, les lauréats sont présents dans presque tous les secteurs de la vie nationale », a-t-il souligné, voyant en eux l’incarnation d’un idéal administratif où mérite et intégrité priment. Cette reconnaissance politique témoigne de l’importance stratégique de la formation des cadres étatiques pour la RDC.
Derrière ce succès quantifiable se cache une évolution institutionnelle remarquable. L’ENA-RDC a su diversifier son offre éducative au-delà de la formation initiale. Sa direction de la formation continue propose désormais des programmes de perfectionnement adaptés aux défis contemporains de l’administration congolaise. Une flexibilité indispensable pour répondre aux mutations rapides des besoins de l’État.
Pourtant, au-delà des statistiques, quel héritage cette décennie de formation laissera-t-elle ? Les témoignages des employeurs publics convergent : les énarques congolais introduisent des méthodes innovantes et une éthique professionnelle renouvelée. Leur dispersion dans divers ministères et agences gouvernementales agit comme un levain dans la pâte administrative nationale.
L’ambition affichée par Muke Tombola dépasse cependant le simple bilan quantitatif. Il envisage un rôle central pour l’école dans « le renforcement des capacités administratives et institutionnelles du pays ». Une vision qui pose les jalons de la prochaine décennie. Comment l’institution pourra-t-elle accompagner les réformes de gouvernance tout en maintenant son exigence d’excellence ?
Alors que la RDC poursuit sa quête de modernisation étatique, ces 743 diplômés en administration publique représentent bien plus qu’un chiffre. Ils incarnent la matérialisation d’un projet républicain où la compétence sert le développement national. Leur parcours professionnel, scruté dans les années à venir, constituera le véritable baromètre de l’efficacité de cette formation d’élite. L’enjeu dépasse les murs de l’École nationale d’administration : il concerne la capacité de toute la nation à se doter d’une administration performante et intègre.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net