Une crise sanitaire d’une ampleur alarmante secoue la prison centrale de Kasapa à Lubumbashi, où des dizaines de détenus ont succombé à une épidémie liée à la consommation d’eau contaminée. L’organisation Justicia ASBL, spécialisée dans la défense des droits humains, tire la sonnette d’alarme face à cette situation humanitaire catastrophique qui met en lumière des carences structurelles criantes.
Comment une pénurie d’eau peut-elle transformer une prison en foyer épidémique ? La réponse réside dans les événements survenus entre le 14 et le 20 juin 2025. Pendant cette semaine critique, la rupture totale de la desserte en eau potable a contraint près de 2 500 détenus à utiliser l’eau insalubre des tranchées environnantes pour boire, cuisiner et se laver. Une solution désespérée aux conséquences mortelles, comparable à une intoxication collective au ralenti.
Le forage existant, situé dans l’enceinte pénitentiaire, ne parvient à couvrir qu’à peine 10% des besoins quotidiens selon les observations de Justicia ASBL. Cette situation transforme la prison kasapa en véritable incubateur de maladies hydriques comme la dysenterie ou le choléra. Pour aggraver le tableau, la carence en médicaments et produits pharmaceutiques essentiels a privé les détenus malades de tout recours thérapeutique. Maître Timothée Mbuya, président de l’ONG, dénonce amèrement : “L’administration pénitentiaire n’a pas été en mesure de fournir les traitements nécessaires, ce qui a conduit à un désastre sanitaire”.
Face à cette urgence, Justicia ASBL presse les autorités provinciales et nationales d’intervenir immédiatement selon trois axes prioritaires : approvisionnement en médicaments vitaux pour les détenus atteints, mise en place de solutions hydriques durables, et construction de forages autonomes équipés de bornes-fontaines. Rappelant que la dignité humaine ne s’arrête pas aux portes des prisons, l’organisation souligne que chaque heure de retard aggrave le bilan humain.
Cette tragédie illustre un problème systémique : pourquoi des établissements pénitentiaires de la RDC restent-ils sans accès garanti à l’eau potable ? L’épidémie de la prison kasapa n’est malheureusement pas un cas isolé, mais révèle une vulnérabilité sanitaire chronique dans les milieux carcéraux congolais. Les spécialistes en santé publique comparent cette négligence à une bombe à retardement bactériologique, où la promiscuité et la malnutrition accélèrent la propagation des pathogènes.
Alors que la crise de l’eau à Lubumbashi atteint des sommets inquiétants, cette catastrophe pénitentiaire pose une question fondamentale : jusqu’où doit-on laisser se dégrader les conditions de vie des détenus avant d’agir ? La solution passe par un investissement urgent dans les infrastructures hydriques et sanitaires, seul rempart contre de nouvelles pertes humaines évitables. Car comme le rappelle Justicia ASBL, le droit à la santé n’est pas négociable, même derrière les barreaux.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net