Les cris déchirants d’une mère résonnent encore dans le quartier Lumumba de Bunia. « Ils étudiaient pour leurs examens… », sanglote-t-elle devant les décombres de sa maison, ensevelie sous un mur effondré. Cette scène de désolation illustre le drame survenu dans la nuit du 10 juillet, quand une pluie diluvienne s’est abattue sur l’Ituri, transformant les rues en torrents furieux et emportant des vies innocentes.
L’inondation à Bunia a débuté comme un orage ordinaire avant de se muer en catastrophe. Dans le quartier populaire de Lumumba, la muraille d’un dépôt alimentaire a cédé sous la pression des eaux, écrasant deux élèves studieux dans leur modeste habitation. À quelques kilomètres de là, entre Bigo 3 et Kolomani, trois autres enfants – dont deux déplacés du site de Kigonze – ont été happés par la crue soudaine d’un ruisseau. Les sauveteurs de la protection civile en Ituri ont retrouvé deux corps au petit matin, tandis que les recherches se poursuivent désespérément pour le troisième enfant disparu.
Robert Djalonga, coordonnateur de la Protection civile provinciale, tire la sonnette d’alarme : « Ces pluies meurtrières sans précédent sont liées aux dérèglements climatiques qui frappent le Mont Bleu. Les sols saturés ne peuvent plus absorber l’eau ». Son équipe, épuisée par les interventions nocturnes, multiplie les appels à la prudence : évacuation des zones inondables, renforcement des constructions précaires, surveillance des cours d’eau. Mais comment appliquer ces consignes quand on survit dans un abri de fortune ?
La pluie en RDC révèle cruellement la vulnérabilité des déplacés. Au site de Kigonze, des centaines de familles ont vu leurs fragiles abris emportés comme fétus de paille, les contraignant à dormir sous les averses persistantes. « Nous avons tout perdu une deuxième fois », confie un père tenant ses enfants tremblants de froid. Ces dégâts matériels massifs aggravent la précarité de populations déjà traumatisées par les conflits armés.
Les décès d’enfants à Bunia posent une question brûlante : jusqu’où l’urbanisation anarchique et l’impuissance des autorités locales amplifieront-elles ces tragédies climatiques ? Les quartiers affectés, construits sans plan d’aménagement ni drainage approprié, concentrent tous les risques. Pendant ce temps, les services d’urgence manquent cruellement de moyens pour anticiper ces catastrophes récurrentes.
Cette pluie meurtrière en Ituri n’est malheureusement pas un phénomène isolé. Elle s’inscrit dans une série d’inondations destructrices qui frappent le pays chaque saison humide. Face à cette nouvelle urgence, la protection civile iturienne plaide pour des mesures structurelles : systèmes d’alerte précoce, réaménagement des zones à risque, relogement des déplacés dans des sites sécurisés. Mais le temps presse, et les nuages s’amoncellent déjà sur le Mont Bleu…
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net