Dans un mouvement diplomatique porteur d’espoirs énergétiques, la République Démocratique du Congo et l’Italie ont scellé ce mardi 8 juillet à Kinshasa un renforcement de leur partenariat autour du projet pharaonique Inga 3. La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, et l’ambassadeur italien Dino Sorrentino ont orchestré cette avancée, qualifiée par les acteurs locaux de « tournant stratégique » pour les relations bilatérales. Mais quelles implications concrètes ce rapproché pourrait-il avoir pour l’Afrique centrale ?
Les discussions, tenues dans l’enceinte du ministère des Affaires étrangères, ont principalement porté sur la relance urgente de ce barrage hydroélectrique, dont les retards successifs ont longtemps frustré les ambitions régionales. Selon les canaux diplomatiques congolais, les deux parties planifient désormais un « roadshow » dans les prochaines semaines – une série de présentations internationales visant à mobiliser investisseurs et expertise technique. Cette initiative concrète marque une volonté affichée de transformer les déclarations d’intention en réalisations palpables.
Le projet Inga 3, troisième phase du complexe Grand Inga, ambitionne d’ériger sur le fleuve Congo une centrale capable de produire 11 000 mégawatts. À titre de comparaison, cette capacité équivaudrait à sept fois la production du barrage d’Assouan en Égypte. Ce titan énergétique s’inscrit dans un schéma directeur plus vaste incluant les barrages Inga I et II, avec l’objectif déclaré d’alimenter non seulement la RDC, mais aussi plusieurs nations africaines souffrant de déficits électriques chroniques. Comment, dès lors, ne pas y voir un pilier de la coopération énergétique en Afrique ?
Le contexte géopolitique éclaire cette soudaine dynamique. Alors que l’Europe cherche à diversifier ses approvisionnements depuis la crise ukrainienne, l’Italie positionne ce partenariat comme une porte d’entrée vers les ressources stratégiques congolaises. Inversement, la RDC y trouve un levier pour concrétiser enfin ce projet stagnant depuis des décennies malgré son potentiel transformateur. Les observateurs notent que ce rapproché intervient dans un paysage concurrentiel, où la Chine et d’autres puissances manifestent un intérêt croissant pour les infrastructures africaines.
Si les détails financiers restent encore à préciser, l’annonce a déjà suscité des réactions contrastées. Des ONG environnementales rappellent les risques écologiques liés à la construction d’un tel ouvrage sur le bassin du Congo, tandis que des économistes soulignent son impact potentiel sur l’industrialisation du continent. « Inga 3 pourrait réduire la dépendance énergétique de l’Afrique si sa gouvernance est transparente », analyse un expert de la Banque africaine de développement sous couvert d’anonymat.
L’horizon demeure toutefois semé d’embûches. Les échecs passés du projet Grand Inga, minés par des problèmes de financement et de gestion, invitent à une prudence analytique. Le succès du futur roadshow sera un premier indicateur décisif de la viabilité de ce nouveau chapitre dans la coopération RDC-Italie. À l’heure où le continent africain cherche sa voie vers une transition énergétique inclusive, la concrétisation d’Inga 3 pourrait bien reconfigurer l’équilibre géoéconomique régional.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
