La République Démocratique du Congo fait face à une recrudescence alarmante de l’épidémie de choléra, avec plus de 700 décès enregistrés à l’échelle nationale depuis janvier dernier. Un chiffre qui place cette crise sanitaire au cœur des préoccupations gouvernementales, comme en témoigne son examen prioritaire lors du dernier conseil des ministres. Particulièrement vulnérable, Kinshasa compte déjà une trentaine de morts, tandis que les autorités confirment que trois quarts des zones de santé de la mégapole de 17 à 20 millions d’habitants sont désormais contaminées.
Mais pourquoi cette propagation foudroyante ? Le président Félix Tshisekedi pointe du doigt les récentes inondations qui ont dévasté les infrastructures d’assainissement, créant un terreau idéal pour la bactérie. Imaginez un réseau d’égouts déjà fragile submergé par les eaux : c’est la porte ouverte à la contamination des sources hydriques, véritable autoroute pour ce fléau intestinal. Avec 176 cas notifiés et 9 décès dans la capitale seule, la situation exige une réaction immédiate.
Face à l’urgence, le chef de l’État a personnellement mandaté quatre ministres clés – Santé, Intérieur, Environnement et Affaires sociales – pour coordonner un plan de contingence. « L’objectif est simple mais vital : contenir la maladie avant qu’elle ne devienne incontrôlable », explique le professeur Christian Ngandu, coordinateur du centre des opérations d’urgence. Les mesures contre le choléra déployées sont tangibles : renforcement de la surveillance épidémiologique, déploiement d’équipes médicales mobiles dans les foyers actifs, et distribution massive de kits de réhydratation orale. Sans oublier les campagnes communautaires qui sillonnent les quartiers pour enseigner les gestes barrières hydriques.
Au-delà de Kinshasa, le spectre de l’épidémie s’étend à plusieurs provinces touchées par le choléra. Le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, le Tanganyika et la Tshopo enregistrent des taux de positivité dépassant 35%, avec une létalité variant dramatiquement de 1% à 16% selon les régions. Une disparité qui s’explique par l’accès inégal aux soins : dans les zones reculées, une simple diarrhée aiguë peut devenir mortelle en quelques heures par déshydratation sévère.
Comment se transmet cette infection ? Par une bactérie invisible mais redoutable, qui se niche dans l’eau ou les aliments contaminés. Ses symptômes – diarrhées violentes, vomissements en jet, crampes musculaires et chute tensionnelle – provoquent une déperdition hydrique comparable à un robinet ouvert dans l’organisme. Sans traitement rapide par sels de réhydratation, la mortalité du choléra au Congo peut atteindre 50% chez les enfants malnutris.
En parallèle de cette bataille, le pays affronte une autre menace : cinq cas de variole du singe (Mpox) viennent d’être confirmés à la prison de Tshikapa au Kasaï. Un défi multiforme qui a poussé le ministère de la Santé à installer des laboratoires d’analyse dans six provinces stratégiques. Ces structures permettront un diagnostic express, crucial pour briser les chaînes de transmission. Car n’oublions pas : se laver les mains au savon et traiter l’eau de boisson restent les boucliers les plus efficaces contre ce tueur silencieux. La mobilisation doit être collective pour éviter que les cas de choléra à Kinshasa ne deviennent l’avant-goût d’une catastrophe nationale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net