Les eaux tumultueuses n’ont laissé que désolation et tombes fraîches. Entre avril et juin 2025, les pluies diluviennes en RDC ont transformé des quartiers entiers en paysages apocalyptiques, arrachant vies et espoirs. Kinshasa, Kalemie, Fizi : un bilan macabre de 91 morts officiellement comptabilisés, des milliers de sinistrés hagards devant les décombres de leur existence. Le Sud-Kivu pleure 62 âmes emportées dans le torrent meurtrier de Kasaba, tandis que Kinshasa dénombre 29 victimes de ces colères célestes.
Face à cette urgence humanitaire, le gouvernement se mobilise enfin. Jacquemain Shabani, Vice-Premier ministre de l’Intérieur, a dévoilé lors du 50e Conseil des ministres un plan de résilience ambitieux structuré en trois phases cruciales. La première ligne de front ? Une assistance humanitaire immédiate aux populations sinistrées, ces oubliés des intempéries qui errent dans des abris de fortune. Comment reconstruire quand tout a été englouti ? La deuxième phase s’attaque justement à la réhabilitation et reconstruction des habitats détruits, ces cicatrices urbaines qui défigurent nos cités.
Mais le véritable défi réside dans la troisième étape : briser le cycle infernal des catastrophes. Le plan prévoit une prévention systématique contre les inondations futures, car chaque saison des pluies rime désormais avec angoisse dans les quartiers vulnérables. Daniel Bumba, gouverneur de Kinshasa, lance d’ailleurs un cri d’alarme : “Les habitants des zones à haut risque doivent évacuer préventivement”, alors que de nouvelles précipitations menacent.
Ce dispositif d’envergure nécessite un budget conséquent et une coordination inédite. Le ministre Shabani insiste sur l’impérieuse collaboration entre ministères techniques, autorités provinciales, ONG locales et partenaires internationaux. Une synergie vitale pour éviter que l’État ne s’enlise dans des dépenses d’urgence récurrentes. La machine gouvernementale doit tourner plus vite que les gouttières célestes.
Les communautés meurtries du Sud-Kivu attendent cette main tendue avec une impatience mêlée de défiance. À Fizi, où des torrents de boue ont enseveli des familles entières, les survivants scrutent l’horizon en quête de signes tangibles. Même urgence à Tanganyika, autre province saignée par les éléments. Le temps presse : chaque jour sans solution aggrave la précarité des déplacés et la vulnérabilité des zones exposées.
Ce plan résilience sinistrés représente-t-il enfin la prise de conscience tant attendue ? Les prochaines semaines le diront, au rythme des pelleteuses dans les décombres et des colis alimentaires distribués. Une certitude s’impose : la nature congolaise, magnifique et cruelle, exige désormais une vigilance de chaque instant. L’heure n’est plus aux constats désolés mais à l’action concertée, avant que la prochaine saison des pluies ne transforme à nouveau nos terres en champs de bataille contre les eaux.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd