Une crise énergétique sans précédent frappe Beni, dans le Nord-Kivu, où près de 60 camions-citernes chargés de produits pétroliers sont immobilisés depuis vendredi 4 juillet. Ce blocage, directement lié à un litige opposant les importateurs à la Direction générale des douanes et accises (DGDA), a plongé la ville dans une pénurie carburant aux conséquences économiques immédiates. Comment une simple réglementation douanière peut-elle paralyser toute une région ?
La tension repose sur une nouvelle norme de déclaration des produits pétroliers imposée par la DGDA, rejetée par les opérateurs économiques. Eugène Kambale Matembela, responsable de l’Association congolaise des commissionnaires agréés en douanes à Beni, confirme à Radio Okapi : « Ce n’est pas nouveau. À chaque nouvelle structure tarifaire, des résistances apparaissent. Mais cette structure est une norme nationale, non négociable localement. » Un rappel qui souligne l’impasse actuelle, tandis que les négociations piétinent.
L’impact sur les prix essence Nord-Kivu est catastrophique : le litre, jadis à 3 400 francs congolais (1,21 USD), flambe désormais entre 5 000 et 6 000 francs (2,14 USD) chez les vendeurs informels, les fameux « Kadafi ». Soit une hausse de près de 80% en moins d’une semaine. Une onde de choc qui se propage au secteur des transports, où le coût d’une course en moto-taxi a triplé, passant de 1 000 à 3 000 francs congolais. Les ménages et petits commerces sont les premières victimes de cette inflation subite.
Le transport impacté RDC révèle ici sa vulnérabilité chronique. Avec les camions-citernes bloqués à l’entrée de la ville, les activités économiques tournent au ralenti. Les taxis-motos, colonne vertébrale des déplacements urbains, deviennent un luxe inaccessible pour beaucoup. Les conséquences en cascade menacent la stabilité des marchés locaux et risquent d’aggraver l’inflation dans une région déjà fragile. Combien de temps cette paralysie durera-t-elle ?
En attendant une résolution, la population paie cash cette guerre administrative. Les ménages consacrent désormais jusqu’à 30% de leurs revenus quotidiens aux seuls déplacements, comprimant d’autres besoins essentiels. Cette crise met en lumière les failles d’un système où les décisions centralisées ignorent les réalités périphériques. Si le bras de fer entre la DGDA et les importeurs persiste, Beni pourrait basculer dans une récession localisée, rappelant que dans l’équation économique congolaise, le carburant reste le sang de l’activité.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net