Le souffle de l’histoire a balayé Kinshasa ce jeudi 3 juillet lorsque les chefs coutumiers de Katanda ont déposé entre les mains du vice-Premier ministre de l’Intérieur un document tant attendu : l’acte scellant la réconciliation des communautés Bena Kapuya, Bena Shimba et Bena Muembi. Après quarante longues années de conflits fonciers déchirant le territoire de Katanda au Kasaï-Oriental, cette signature marque un tournant décisif. « Hier, Katanda était une zone rouge. Aujourd’hui, c’est une oasis de paix », déclare, émouvant, sa Majesté Lemba Lemba Kela Katwa, président de l’Alliance des autorités traditionnelles du Grand Kasaï.
Comment ces communautés ont-elles réussi là où tant d’initiatives avaient échoué ? La réponse réside dans une combinaison de sagesse coutumière et d’approche technique. Les conflits fonciers à Katanda, nourris par des générations de différends sur la délimitation des terres, trouvent enfin leur épilogue grâce à un processus de médiation mené par les chefs traditionnels eux-mêmes. L’accord paix Kasaï-Oriental prévoit désormais l’intervention cruciale de l’Institut géographique du Congo (IGC) pour établir des frontières incontestables. « Nous demandons que les experts descendent sur le terrain identifier les limites de chacun », insiste le chef Lemba Lemba.
Derrière les signatures solennelles, c’est toute la vie quotidienne des habitants qui se transforme. Les agriculteurs pourront enfin cultiver sans crainte les parcelles voisines, les familles se déplacer librement entre les villages, et les jeunes envisager l’avenir sans la menace permanente des conflits fonciers Katanda. La promesse d’un forum paix Katanda prochain, annoncé lors de la cérémonie, consolide cette dynamique. Mais cette paix naissante reste fragile : l’absence de bornage précis a toujours été le terreau des tensions. La délimitation terres RDC par l’IGC constitue donc le véritable test de durabilité.
La portée de cet événement dépasse largement le cadre local. Dans une région où les querelles territoriales dégénèrent trop souvent en violences, la réussite du dialogue entre les communauté Bena Kapuya et leurs voisines offre un modèle réplicable. Cette réconciliation prouve que les mécanismes coutumiers, lorsqu’ils sont soutenus par une expertise technique neutre, peuvent résoudre des conflits enracinés. Reste à présent à transformer ces engagements en réalités tangibles pour les paysans de Katanda, premières victimes de quatre décennies de discorde. Leur espoir ? Que les experts de l’IGC matérialisent rapidement sur le sol les frontières de la paix.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net