Dans un geste présidentiel chargé de symbolisme, Félix Antoine Tshisekedi a scellé le destin de la gestion territoriale congolaise en promulguant, ce samedi 5 juillet, la loi dite « Loando ». Cette réforme foncière Congo, portée par le ministre d’État Guy Loando Mboyo, se présente comme l’antidote tant attendu aux désordres urbains et aux conflits de compétences qui minent le développement national. Mais cette avancée législative, saluée comme historique, suffira-t-elle à juguler l’anarchie qui caractérise l’occupation des sols depuis des décennies ?
Le ministre Loando, architecte de ce texte structurant, ne cache pas son ambition : doter la RDC d’un instrument juridique moderne pour planifier et gérer l’espace national. « Ce texte historique vient répondre à une attente de plusieurs décennies », a-t-il déclaré, soulignant que la loi repose sur huit titres fondamentaux. L’objectif affiché est clair : mettre fin aux constructions sauvages, aux superpositions de titres fonciers et aux rivalités institutionnelles paralysantes. Une promesse audacieuse dans un pays où l’absence de cadastre fiable alimente régulièrement des conflits communautaires.
L’aménagement territoire RDC, selon la philosophie du texte, épouse une logique décentralisée et inclusive. Le ministre insiste sur l’intégration « active des communautés locales » dans les processus décisionnels, rompant ainsi avec les pratiques verticales du passé. Cette approche participative, si elle est appliquée avec rigueur, pourrait constituer une révolution silencieuse dans la gouvernance des terres. Reste à savoir si les administrations provinciales, souvent sous-équipées, disposeront des moyens nécessaires pour traduire cette vision dans les faits.
La promulgation de cette loi territoire par le chef de l’État intervient dans un contexte où les enjeux fonciers deviennent cruciaux pour l’équilibre national. Guy Loando Mboyo joue ici son va-tout législatif, en faisant de ce cadre juridique le socle d’un « territoire congolais organisé, viable et mieux connecté ». La réforme prévoit une affectation précise des zones à vocation agricole, minière ou forestière, ambitionnant ainsi de concilier développement économique et préservation des écosystèmes.
Pourtant, derrière l’unanimité apparente des institutions et de la société civile, des questions persistent. Comment cette réforme s’articulera-t-elle avec le Code foncier existant, souvent critiqué pour ses lacunes ? Les mécanismes de résolution des conflits prévus par la Loi Loando parviendront-ils à désamorcer les tensions dans l’est du pays, où la question terrienne se mêle aux conflits armés ? Le ministre, par sa communication maîtrisée, élude encore ces écueils potentiels.
À l’évidence, cette promulgation marque un tournant dans la gestion du patrimoine territorial congolais. Mais comme souvent en RDC, l’écart entre le texte et sa matérialisation constitue le véritable champ de bataille. Les prochains mois révéleront si cette architecture légale résistera aux réalités complexes du terrain ou si elle demeurera un vœu pieux dans les tiroirs des administrations. L’enjeu dépasse la simple organisation spatiale : c’est la crédibilité même de l’État planificateur qui se joue désormais.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net