Les cloches de la cathédrale Saint-Antoine de Padoue résonnaient encore dans l’air chaud de Molegbe ce dimanche 6 juillet, portant l’émotion palpable des fidèles. « Enfin, un pasteur qui connaît notre terre ! », s’exclame Jean Konzi, les yeux brillants de larmes joyeuses. Après des années d’attente, le diocèse de Molegbe accueillait son nouvel évêque, Monseigneur Joseph Mopepe, lors d’une cérémonie historique présidée par le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa et figure majeure de l’Église en RDC.
Nommé par le Pape François le 15 avril dernier, quelques jours avant la mort du souverain pontife, Mgr Mopepe reçoit ainsi la charge spirituelle d’une communauté éprouvée. Il succède à Mgr Dominique Bulamatari, décédé à Kinshasa le 26 août 2024, seulement quelques semaines après sa démission. À 59 ans, ce prélat originaire du diocèse de Molegbe incarne un symbole fort pour les paroissiens. Comment ne pas voir dans cette nomination un signe d’espoir pour ces fidèles longtemps privés d’un guide issu de leurs propres rangs ?
Le cardinal Ambongo, entouré d’évêques de la Conférence épiscopale du Congo (CENCO), a souligné dans son homélie la « mission d’unification » confiée au nouveau pasteur. Un appel qui résonne particulièrement dans ce diocèse à cheval sur les provinces du Nord et Sud-Ubangi, région parfois minée par des tensions communautaires. Les mains jointes, Mgr Mopepe écoutait, conscient du défi : œuvrer pour la concorde dans cette terre riche de diversité mais fragilisée par les divisions.
Docteur en théologie de l’Université Catholique du Congo, l’évêque Joseph Mopepe quitte les bancs de l’enseignement pour prendre la tête d’un diocèse rural où les défis sociaux s’entremêlent aux urgences pastorales. « Nous attendons de lui qu’il rassemble toutes les forces vives autour de l’évangélisation », confie une religieuse rencontrée aux abords de la cathédrale. La tâche est immense dans un territoire où l’Église reste souvent le dernier rempart contre la précarité.
L’intronisation de ce nouveau prélat au diocèse de Molegbe dépasse la simple passation de pouvoir religieux. Elle cristallise les aspirations d’une population en quête de repères stables. Alors que la RDC traverse une période politiquement troublée, la nomination d’un évêque local par le Vatican envoie un message subtil sur l’importance de l’enracinement culturel dans le leadership spirituel. Dans les allées de la cathédrale, les chants en lingala mêlés aux prières en français dessinaient les contours d’une Église congolaise à la fois universelle et profondément ancrée dans ses terroirs.
Ce dimanche historique à Molegbe pose une question fondamentale : comment l’Église peut-elle être un ciment social dans des régions périphériques souvent oubliées des centres de décision ? Le parcours de Mgr Mopepe, passé des études théoriques à la responsabilité pastorale concrète, offre peut-être une piste. Son défi sera de transformer l’élan d’unité né de son intronisation en action durable pour les communautés du Nord-Ubangi. La route s’annonce longue, mais les fidèles, ce jour-là, avaient retrouvé quelque chose d’essentiel : la fierté d’appartenir à une Église vivante, capable de renaître de ses propres fils.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
