Un geste fort qui en dit long sur l’exaspération populaire : une triade d’organisations de la société civile du Haut-Uélé – SCSC, SCPC et SCR – orchestre deux journées sans activités à Isiro les 7 et 8 juillet prochains. Cette stratégie de pression, formalisée par une missive à l’hôtel de ville, vise à briser le mutisme des autorités provinciales face à une accumulation de dérives. Dans un contexte où la population étouffe sous le poids des dysfonctionnements, ce mouvement ciblé interroge la capacité de gouvernance locale.
Les griefs, détaillés avec une précision chirurgicale, dessinent une cartographie accablante de la province. En tête, l’insécurité récurrente sur la rivière Ngayo à Wamba, théâtre de tracasseries quotidiennes qui paralysent les échanges vitaux. La corruption Ngayo Wamba n’est que la partie émergée d’un système gangréné par le détournement organisé des fonds publics, asphyxiant les services essentiels. Comment expliquer, s’interrogent les activistes, cette inertie face à des pratiques qui sapent les fondements de l’État ?
Le dossier foncier d’Akpokoma, en commune Mendambo, illustre cette déliquescence : des concessions bradées illégalement, foulant aux pieds les règles d’urbanisme et la justice foncière. Pendant ce temps, le fauteuil du maire d’Isiro demeure vacant depuis trois mois – une absence injustifiée qui symbolise le désengagement des responsables. Cette démission silencieuse coïncide avec le ralentissement inquiétant des chantiers structurants, notamment la réhabilitation université Uele et de la prison centrale, pourtant cruciaux pour le développement provincial.
Cette synergie tripartite insiste sur le caractère pacifique de son action, mais son timing est lourd de sous-entendus politiques. Elle résonne comme un écho aux révélations explosives de la commission ECONFIN de l’Assemblée provinciale, dévoilant un système de fraude fiscale DGRHU à grande échelle. Les rapports pointent du doigt la Direction Générale des Recettes du Haut-Uele, mais aussi la Régie des Travaux Publics et les Entités Territoriales Décentralisées (ETD). La société civile exige désormais un audit judiciaire immédiat et le remplacement pur et simple de l’équipe dirigeante de la DGRHU.
Derrière cette mobilisation, c’est un test décisif pour le gouverneur Christophe Baseane Nangaa. Jusqu’où faudra-t-il aller pour que les autorités entendent le tocsin de la société civile Haut-Uele ? Les journées sans activités Isiro serviront de baromètre à la colère populaire. Si le pouvoir provincial reste sourd, cette paralysie volontaire pourrait n’être qu’un prélude à des secousses sociales plus profondes. L’enjeu dépasse la simple gestion courante : il touche à la crédibilité même des institutions dans une province où la patience des citoyens atteint ses limites.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd