Après trois mois de lutte intense, Médecins Sans Frontières a officiellement clos son opération d’urgence contre l’épidémie de choléra dans les villages de Shasha et Kirotshe, au cœur du territoire de Masisi. Cette décision, annoncée ce jeudi, marque un tournant dans la gestion sanitaire d’une région du Nord-Kivu historiquement fragilisée. Mais que reste-t-il des risques dans cette zone où conflits armés et déplacements de population persistent ?
L’intervention s’est concentrée sur deux sites stratégiques : le centre de santé de Shasha et l’hôpital général de référence de Kirotshe. Grâce à une unité de traitement spécialisée et un centre dédié – chacun disposant de 20 lits -, 167 patients ont pu recevoir des soins vitaux. Imaginez deux salles de classe transformées en bastions contre cette maladie hydrique mortelle, où chaque lit représente une bataille gagnée contre la déshydratation extrême.
Cette action ciblée de MSF intervenait dans un contexte alarmant de recrudescence du choléra. Plusieurs zones de santé de Masisi subissaient une pression épidémique accrue, véritable tempête parfaite alimentée par trois facteurs clés : les conflits armés récurrents, les déplacements massifs de populations fuyant les violences, et un accès limité à l’eau potable. Comment prévenir efficacement quand les sources d’eau ressemblent à des pièges microbiens ?
« Malgré la fin de cette intervention d’urgence, nos équipes restent mobilisées à Masisi », a tenu à préciser l’organisation. MSF poursuit en effet son engagement via trois axes majeurs : les soins de santé primaire, le soutien à la surveillance épidémiologique – crucial pour détecter toute résurgence – et les campagnes de vaccination. Ces activités se font en étroite coordination avec les autorités sanitaires locales, comme un relais progressif pour assurer la continuité des soins.
Rappelons que cette intervention urgente dans la région de Shasha-Kirotshe avait été déclenchée début avril, face à une flambée épidémique dans ces zones à forte densité démographique. Un cocktail explosif où l’afflux de déplacés fuyant les conflits armés augmentait dramatiquement les risques de contamination. Le choléra, cette maladie du « siècle passé » qui devrait être évitable, trouve ici un terrain de propagation idéal à cause des infrastructures défaillantes.
Dans son communiqué, MSF lance un appel pressant aux autorités : l’accent doit désormais porter sur le renforcement de l’accès à l’eau propre et aux latrines fonctionnelles, ainsi que sur la poursuite des campagnes de sensibilisation. Car sans assainissement durable, le choléra ressemble à un feu couvant prêt à se rallumer. Saviez-vous qu’une simple pompe à eau contaminée peut déclencher une épidémie touchant des centaines de personnes en quelques jours ?
La clôture de cette opération d’urgence par MSF dans le Nord-Kivu soulève des questions fondamentales sur la résilience des systèmes de santé publique. Si 167 vies ont été sauvées à Masisi, la prévention des prochaines crises nécessite des investissements structurels. L’eau potable n’est pas un luxe, mais un droit fondamental – et la première barrière contre le choléra en RDC. La vigilance reste de mise, car dans ces régions en proie à l’instabilité, la prochaine crise sanitaire n’est peut-être qu’une saison des pluies distante.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd