La fine pluie de juillet glaçait l’asphalte de la RN1 ce jeudi soir quand le crissement des pneus a déchiré le calme de Mbimbi. Dans ce village du territoire de Seke Banza, deux véhicules – un bus Transco Kinshasa-Boma et une Toyota IST venant de Kinzau-Mvuete – se sont embrochés dans un choc frontal vers 21h30. Sous le choc, les tôles froissées ont emprisonné un mécanicien du bus, dont la vie s’est éteinte sur place. « On a entendu un bruit de ferraille qui nous a glacés », murmure un habitant, encore secoué. Les blessés graves, évacués vers une clinique locale, comptent les premiers instants d’un long calvaire.
Au volant de la Toyota IST, le conducteur pointe une chaussée devenue « glissante comme du savon » sous les gouttes. Mais cette explication météorologique ne convainc guère les riverains. « La vraie cause ? La folie des vitesses ! » lance un témoin, montrant du doigt la trace de freinage longue de 30 mètres. La RN1, colonne vertébrale du Kongo Central, se transforme trop souvent en couloir de la mort. Incivisme routier, dépassements périlleux, véhicules aux pneus lisses… la litanie des risques est connue, mais rien ne change.
Cette tragédie de Mbimbi s’inscrit dans une hécatombe routière qui s’accélère. Lundi 30 juin, un camion poids lourd avait déjà provoqué une collision sur ce même tronçon, heureusement sans morts. Deux accidents graves en quatre jours : le chiffre fait frémir quand on sait que le Kongo Central paie un lourd tribut à l’insécurité routière. Les autocars Transco, pourtant symbole de mobilité populaire, apparaissent régulièrement dans ces drames. Faut-il incriminer les chauffeurs épuisés par les longs trajets ? Les contrôles techniques fantômes ? Ou l’état dégradé de cette nationale où chaque nid-de-poule devient piège ?
Derrière les statistiques, ce sont des vies brisées qui resurgissent. La victime de jeudi, mécanicien dans la fleur de l’âge, laissera une famille sans soutien. Les blessés graves, eux, affronteront des mois de rééducation dans un système de santé déjà saturé. « Quand allons-nous enfin sécuriser cette route ? » s’insurge une commerçante de Seke Banza, les yeux rivés sur les impacts encore visibles. La récurrence des accidents à Mbimbi et Kinzau-Mvuete révèle l’urgence d’un plan d’action : radars, éclairage public, contrôles renforcés. Sans mesures concrètes, la RN1 continuera d’être un fleuve de larmes pour le Kongo Central.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd