Dans un ballet diplomatique où chaque pas compte, le gouvernement congolais a martelé ce jeudi sa volonté de poursuivre les négociations M23 RDC sous l’égide du processus Doha Congo. Par la voix de la ministre d’État Thérèse Kayikwamba, Kinshasa a dessiné les contours d’un dialogue aussi nécessaire que périlleux, alors que les rebelles de l’AFC/M23 brandissent huit conditions paix AFC-M23 préalables.
Devant la presse réunie en briefing conjoint avec le ministre de la Communication, la cheffe de la diplomatie a reconnu que les revendications du mouvement – reconnaissance politique, libération de prisonniers et intégration combattants armée nationale – seront bel et bien abordées sur la table des pourparlers. Mais dans un subtil équilibre entre ouverture et fermeté, elle a immédiatement posé une ligne rouge infranchissable : « Nous ne fermerons pas la porte au dialogue, mais il ne saurait être question de compromission dans la gestion des institutions de défense ».
Cette déclaration, teintée d’un réalisme institutionnel, signifie concrètement que toute réintégration de combattants dans l’armée ou la police sera soumise à un tamisage rigoureux. Des critères stricts de sélection, alignés sur les normes sécuritaires nationales, serviront de garde-fou contre d’éventuelles infiltrations. Un avertissement sans équivoque aux négociateurs du M23, qui pourraient voir dans cette position un frein à leurs ambitions.
La ministre Kayikwamba a par ailleurs ancré le processus dans le cadre plus large de l’accord Washington RDC, dont le calendrier repose sur « trois étapes fondamentales » encore mystérieuses. Cette référence stratégique agit comme un rappel : les discussions de Doha ne sont qu’un maillon dans une chaîne diplomatique complexe. Pour renforcer la crédibilité de l’ensemble, Kinshasa a dévoilé un projet parallèle d’intégration économique régionale devant voir le jour sous trois mois. Inspiré de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), ce cadre ambitionne de transformer les zones meurtries par les conflits en pôles de développement.
Mais derrière cette architecture institutionnelle se cachent des écueils redoutables. Comment concilier la rigueur annoncée pour l’intégration militaire avec les exigences rebelles ? La reconnaissance politique du M23, si elle advient, ne risquerait-elle pas de légitimer une rébellion née de l’occupation étrangère ? Autant de questions qui planeront sur la prochaine session de négociations à Doha. Le gouvernement joue ici une partition subtile : afficher sa bonne foi tout en verrouillant les portes du pouvoir militaire. Un exercice d’équilibriste où la moindre concession pourrait être perçue comme une capitulation.
Alors que la RDC avance ses pions sur l’échiquier diplomatique, l’enjeu dépasse la simple pacification du Kivu. C’est la crédibilité même de l’État congolais à désarmer les groupes armés par la négociation qui se joue dans ces pourparlers. La ministre Kayikwamba en a conscience, qui conclut par une mise en garde implicite : « Les détails seront dévoilés au fur et à mesure de leur mise en œuvre ». Preuve que dans ce jeu d’échecs politique, chaque camp garde ses cartes maîtresses sous le coude.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net