La République Démocratique du Congo se trouve à un tournant économique critique. Selon Adler Kisula, secrétaire exécutif de la Cellule nationale de renseignements financiers (CENAREF), le pays risque un isolement financier international si les autorités n’accélèrent pas les réformes structurelles d’ici octobre. Cette mise en garde intervient alors que le Groupe d’action financière (GAFI) pourrait classer la RDC sur sa redoutée liste noire, véritable épée de Damoclès pour l’économie congolaise.
Les chiffres révélés par la CENAREF ce jeudi 3 juillet dessinent un tableau alarmant : sur 23 actions exigées par les instances internationales pour renforcer la lutte contre le blanchiment de capitaux, seules 13 sont « largement traitées » (56,52%), tandis que 8 restent partiellement implémentées (34,78%) et 2 non abordées (8,7%). Ce déficit opérationnel prend racine dans l’évaluation négative de 2018 par le GABAC, qui avait pointé la non-conformité du dispositif congolais aux standards internationaux.
Quelles seraient les conséquences économiques concrètes d’un tel classement ? Adler Kisula les détaille avec une précision chirurgicale :
« Cette inscription entraînerait notamment la baisse des investissements étrangers et de l’aide internationale, la difficulté de lever des fonds sur les marchés financiers internationaux, et un ralentissement structurel de la croissance économique »
Le mécanisme serait implacable : rupture des relations avec les correspondants bancaires, paralysie des transferts transfrontaliers, érosion des réserves de change, et finalement, une instabilité macroéconomique généralisée.
L’urgence est d’autant plus pressante que cet isolement financier pourrait faire dérailler l’accord minier stratégique actuellement négocié avec Washington. Le secteur minier, pilier de l’économie nationale contribuant à 25% du PIB, se trouverait immédiatement asphyxié par les restrictions bancaires. La CENAREF insiste donc sur la promulgation immédiate de la loi anti-blanchiment déjà votée au Parlement, dernier rempart contre ce scénario catastrophe.
Le compte à rebours est enclenché : avec moins de trois mois avant la décision finale du GAFI, la mobilisation de toutes les institutions publiques et privées devient vitale. Les 34,78% de réformes inabouties représentent autant de brèches dans la défense financière nationale. Sans correction rapide, la RDC pourrait subir un naufrage économique dont les vagues toucheraient chaque citoyen, des petites entreprises aux grands investisseurs miniers. L’enjeu dépasse la simple conformité administrative : il s’agit de préserver la souveraineté économique congolaise sur l’échiquier mondial.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net