Dans un contexte post-crise marqué par une reprise progressive des activités humanitaires, le Sud-Kivu enregistre des avancées significatives dans la lutte contre les épidémies. Le projet ECHO HIP 2024, présenté ce mercredi 2 juillet à Bukavu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a dépassé 80% de ses objectifs initiaux selon le Dr Crispin Mutwedu, épidémiologiste provincial. Une lueur d’espoir dans une région encore fragilisée par la crise humanitaire en RDC.
Concentré sur les zones de santé de Fizi et Minova, ce programme ambitieux visait à muscler la surveillance épidémiologique pour détecter rapidement des maladies à potentiel épidémique comme le choléra et le Mpox. Comment fonctionne ce mécanisme de veille sanitaire ? Imaginez un système d’alarme sophistiqué capable d’identifier la moindre menace infectieuse avant qu’elle ne se transforme en flambée incontrôlable. Grâce à des formations ciblées et un maillage territorial renforcé, les équipes locales peuvent désormais réagir en un temps record.
Le choléra, endémique dans ces régions lacustres, et le Mpox (nouvelle dénomination de la variole du singe) représentent des dangers permanents pour des populations souvent déplacées par les conflits. Le Dr Mutwedu souligne : “Cette amélioration de notre capacité de détection précoce change radicalement la donne. C’est comme avoir développé une vision à rayons X contre les menaces sanitaires invisibles”. Les données recueillies permettront d’affiner les stratégies de vaccination et d’approvisionnement en eau potable.
Mais cette amélioration suffit-elle à juguler les défis humanitaires ? Médecins Sans Frontières (MSF) apporte jeudi 3 juillet un contrepoint crucial avec la publication de son rapport annuel 2024. L’organisation décrit des besoins médico-humanitaires “persistants et sous-financés” dans les provinces du Sud-Kivu et du Maniema. Le document souligne que malgré les progrès techniques, l’accès aux soins reste problématique pour près de 40% des populations rurales, notamment les femmes et les enfants.
La coordination entre acteurs devient donc l’enjeu majeur. Si le projet ECHO HIP 2024 constitue un bouclier épidémiologique efficace, il doit s’inscrire dans une réponse globale incluant la sécurité alimentaire et la protection civile. Les spécialistes recommandent notamment :
- Un déploiement accéléré des équipes mobiles dans les zones reculées
- La multiplication des points de chloration d’eau dans les foyers choléra
- Des campagnes d’information adaptées aux réalités locales
Alors que la saison des pluies approche, traditionnellement propice à la recrudescence du choléra, ces avancées offrent un espoir mesuré. La véritable victoire sera d’éviter que les progrès de la surveillance épidémiologique au Sud-Kivu ne restent un îlot de réussite dans un océan de besoins non couverts. Comme le rappelle un humanitaire sur place : “Un système d’alerte ne sert à rien si on ne peut pas apporter les médicaments jusqu’au patient”.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
